B-Gnet est un auteur que j’ai découvert en lisant Santiago et Santiagolf du Morbihan. La rencontre avait été agréable. J’avais pris beaucoup de plaisir à m’immerger dans son univers décalé et déluré qui oscillait entre hommage et pastiche. Ces deux ouvrages possédaient une identité propre intéressante. C’est donc avec un regard curieux que j’ai accueilli la sortie dans les rayons de librairie de La Plume est plus forte que l’Épée. Cet album paru chez Fluide Glacial il y a quelques semaines se compose d’une cinquante de pages. La couverture présente un duel entre un chevalier en armure menaçant un auteur seulement armé de sa plume. Le château fort situé au second plan confirme l’atmosphère médiévale dans laquelle semble s’inscrire l’histoire qui nous est ici contée.
La quatrième de couverture nous présente le casting quatre étoiles autour duquel se construit la narration. « Robin des Bois, Long John Silver, Richard III, Cyrano de Bergerac, le Cid, Macbeth… ils ont tous péri par l’épée mais ont survécu par la plume des écrivains. » Le programme est prometteur. La perspective de voir B-Gnet jouer avec les codes de ces œuvres littéraires majeures était très attrayante. Espérons que le résultat réponde aux espoirs que cette impression a fait naître…
La cinquantaine de pages du livre se partage en neuf histoires indépendantes. Chacune présente une trame qui possède un début et une fin. Cela offre une lecture assez dense puisque la mise en place doit être efficace du fait du format court de la structure narrative. Cette construction fait que cet album peut soit se picorer soit se lire d’une traite. Personnellement je l’ai lu en plusieurs fois pour savourer pleinement chaque aventure menée par ces célèbres protagonistes littéraires.
Chaque histoire nous plonge dans un univers littéral connu. Ce contexte fait que les personnages nous sont familiers. L’immersion est ainsi immédiate. Évidemment, d’une œuvre à l’autre notre attrait est différent. Je suis, par exemple, plus sensible à l’univers de Robin des bois que de celui de Richard III. Néanmoins, l’ensemble reste efficace et sympathique. L’idée scénaristique est bonne et l’auteur semble apprécier de jouer avec les règles qu’il s’est fixé.
B-Gnet utilise un ton décalé se rapprochant parfois du pastiche pour construire ses histoires. Il joue avec les protagonistes et les enjeux de chaque œuvre pour construire sa trame. Il arrive à rendre accessible chaque chapitre sans exiger une maîtrise de l’œuvre originale. Son travail s’avère efficace. Sa production est suffisamment originale pour que chaque trame possède sa propre personnalité. L’ensemble reste néanmoins cohérent. B-Gnet traduit correctement dans les actes son idée de départ. Il va au bout de son dispositif narratif sans jamais le bâcler.
Cet ouvrage n’est pas dénué de qualité. Le style du dessin s’accorde parfaitement avec le ton du propos. Néanmoins, je dois bien avouer que je ne suis pas tombé entièrement sous le charme de l’album. Je me suis laissé prendre de manière inégale d’une histoire à l’autre et je n’ai pas retrouvé la force humoristique de mes précédentes immersions dans l’univers de l’auteur. Ces quelques réserves ne doivent pas vous empêcher de découvrir ce bouquin si vous le trouvez sur votre chemin. Vous ne regretterez pas la rencontre…