S’il y a un bien un auteur que j’affectionne, c’est Jonathan Hickman ! Auteur prolifique aimant embarquer le lecteur dans d’énormes odyssées. Il voit les choses en grand, très grand, et aime emprunter des chemins tortueux et difficile d’accès pour arriver au résultat final. Il n’y a qu’à se rappeler son récent run sur les Quatre Fantastiques, sur S.H.I.E.L.D. la Confrérie du Bouclier, sur Projets Manhattan, ou tout simplement son travail actuel sur les Avengers. Ce n’est qu’une fois que l’on est bien rentré dans l’histoire, que l’on comprend à quel point tout n’est qu’un travail de longue haleine. East of West ne déroge pas à la règle.
Une réalité alternative où la Guerre de Sécession aurait été brutalement interrompue, laissant place à la paix et à la constitution immédiate des Sept Nations d’Amérique. Deux siècles après cette trêve, un mystérieux homme pâle, flanqué de deux inquiétants guerriers indiens, sème la mort sur son passage. Au même moment, trois des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse s’éveillent… (Contenu : East of West #1-5)
Persévérance ! C’est le premier mot qu’il me vient pour le début de ce premier tome d’East of West. Il faut bien avouer que les premières pages ne sont pas vraiment immersives. Bien au contraire, j’avoue même avoir été assez perdu au départ. Tout démarre avec la naissance, ou plutôt la renaissance de trois enfants, trois enfants qui semblent être des Cavaliers de l’Apocalypse. S’ensuit une plongée dans le passé, riche de cet univers encore plus riche, pour essayer de comprendre le présent. Puis apparaît en un homme plus blanc que la neige, vêtu de blanc, accompagné d’une femme intégralement noire comme l’ébène, pratiquement nue et aux cheveux blancs, et d’un indien massif tout aussi blanc que lui. Après un bain de sang dans un saloon, ils s’en prennent au barman, qui finira, terrorisé par leur remettre une liste de noms…
Le décor était planté, du moins je le sais maintenant la lecture terminée. On ne comprend pas tout, on ne sait pas grand-chose à ce moment, mais on comprend cependant que Jonathan Hickman nous emmène dans un univers riche. Un univers qui mêle apocalypse, western et vision futuriste d’un monde, où se mêlent complots, trahisons, surprises et amour. Un univers mis en image de façon magistrale par Dragotta. De par son talent, il arrive à nous dessiner de formidables étendues nous rappelant le far west sauvage où se mêlent des tours futuristes, il rend crédible une bataille dans une cité impériale chinoise entre des soldats en armures de guerre intégrale, et un homme albinos montant un destrier mécanique sans tête, colt et épée en mains. Nous ne sommes pas choqués en voyant de vieux cowboys se mélanger à des appareillages bioniques et robotiques. Un travail énorme de la part de ce dessinateur en constante progression. Il arrive à passer de la grandeur des étendues sauvages, à la plénitude des jardins zen et arrive à nous dépeindre d’énormes scènes de massacres. Enorme travail également sur les personnages. Il nous suffit de les voir une fois pour les identifier. Ils ont tous un look propre, soigné, recherché et minutieusement détaillé.
Chapeau également au coloriste Frank Martin habille dans son travail pour différencier les scènes présentes et les scènes passées. On sent bien la différence des deux époques.
Plus nous avançons dans l’histoire, plus elle nous captive, plus nous en découvrons, plus on comprend l’ambition énorme de cette histoire. Les Etats-Unis n’existent pas, cela n’a jamais existé. La guerre de Sécession s’est arrêtée d’un coup, laissant place à la paix et la naissance des Sept Nations d’Amérique. L’Union, la Confédération, le Royaume, Armistice, la Nation Infinie, la République du Texas et la République Populaire. Tous œuvrent en suivant les écrits du Message ! Mais tous agissent dans l’ombre pour leurs propres ambitions personnelles. A côté de cela, les Cavaliers de l’Apocalypse se réveillent, comme toujours, mais cette fois-ci les choses sont différentes, il en manque un. Il manque Mort ! Et non seulement il ne renaît pas avec les autres, mais il n’est même pas mort en même temps que les autres. Un différent les a en effet forcé à s’opposer l’un aux autres. Mort est tombé amoureux ! Non seulement ils lui ont fait payer, à lui mais aussi à celle qui, en gros, a su mettre la mort à genoux. Rajoutons à cela les élus des Sept Nations d’Amérique qui lui ont pris quelque chose ! Et il n’aura de cesse de laisser un bain de sang derrière lui tant que cela ne lui aura pas été rendu !
Une intrigue, où l’amour et la mort flirtent avec la conspiration et la trahison, toujours plus captivante. Difficile de décrocher une fois que l’on comprend l’histoire de Jonathan Hickman. C’est formidablement bien dessiné, la narration est intelligente, les dialogues vivants et souvent riches d’émotions.
Bref, si le début de l’histoire est difficile d’accès, nous sommes très vite emportés dans cette intrigue originale et surprenante où se mêlent amour interdit, morts en grand nombre et dans la violence, politique et toutes ses zones d’ombres tout cela sur fond d’apocalypse imminente !
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