Le tome le plus décevant?

Alors que les quatre premiers sont de réelles masterclass en matière de drôlerie, avec un premier vraiment orienté aventure, un second qui met en scène des troubles de fratries tellement reconnaissables, un troisième qui est sans doute le meilleur de tous tant il est furieusement drôle et dans le perfectionnement de la ligne que Bravo tient depuis le début de la série (sauf pour les aliens) et un quatrième plus introspectif qui ne manque pourtant pas de me faire déployer la gorge, celui-ci résonne plus dans un air de contentement.

Alors la première chose marquante, c'est la place laissée au dialogue, sans nul doute le plus élevé jusqu'à présent, ce qui démarre avec le dermato et culmine après une accalmie avec le prêtre marin. J'ai trouvé ça un peu décourageant par moments mais puisque Bravo écrit bien les dialogues, disons que ça passe. Mais je trouve tout de même que ça fait mal au moral de tourner un page et de voir autant de phylactères. On a déjà eu des personnages bien caractérisés (et caractériels) avec bien moins de blabla.

Et puis, est-ce bien une aventure épatante de Jules? Si on regarde le déroulé, c'est avant tout une perte de confiance envers les adultes accompagné d'une prise de confiance de Jules qui craignait de se faire cuck par Janet la néo-milf. Mais ce qu'il y a vraiment d'"épatant", les phénomènes hors du commun, c'est le sauvetage à la fin via la soucoupe volante (et je ne qualifierais rien de ce qui reste de vraiment incroyable), ce qui fait avant tout office de deus ex machina. La perte de confiance est un contraste utile au mûrissement de Jules, évidemment, mais faut-il vraiment faire des adultes des crétins pour cela?

Mais le plus gros problème, c'est que les péripéties sont jetées les unes derrière les autres, sans qu'à un moment ça ne fasse vraiment de lien avec le vrai sujet: la prise d'indépendance de Jules. Et n'appelons pas le doute en la divinité un sujet: en vérité on ne peut en parler, comme l'a démontré Kant. On a bien eu une disputatio, mais c'est seulement une discussion (qui n'a de plus pas vraiment de sens si vous voulez mon avis), pas une démostration.

Malgré tout ce que j'ai dit, Bravo a bien installé ses personnages depuis plusieurs tomes, et il surfe sur la vague, profite d'une lame pour faire une petite pirouette fiorituresque. Alors je ne vais pas cracher dessus pour autant. J'ai bien aimé, mais venu le moment de la réflexion je me rends compte que ce n'était pas aussi viscéral que d'autres, que l'humour ne m'a pas autant empêché de m'endormir comme d'habitude.