Emile Bravo, c'est clairement un fan de Hergé.


Je n'avais jamais cherché à lire cette série, mais que voulez-vous, pour 50 cents, je pouvais bien me laisser tenter, puisque après tout, j'ai pu apprécier, par le passé, l'épisode de Spirou dessiné par Bravo ainsi que "Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill". Je constate que cette question du père et de la filiation est une obsession pour l'auteur vu que ça se retrouve dans ces trois albums.


Cela commence plutôt bien. C'est très basé sur l'humour, les personnages secondaires, les adultes, sont d'ailleurs un peu étranges, montrés comme des figures oppressantes la plupart du temps, et bien plus naïfs que les enfants (s'en remettant au bon Dieu à la moindre occasion), mais ça passe parce que c'est marrant et que les personnages restent malgré tout attachants. Arrivé à la moitié, je me suis tout de même fait cette réflexion : de quoi ça parle ? on tourne autour du pot depuis le début, quand est-ce qu'on arrivera sur ce bateau qui fait la couverture ? quand est-ce que les conflits vont vraiment démarrer ? Et bien les conflits, ils surgissent dans le dernier tiers, et ce de manière un peu trop poussive : l'épisode du bateau est finalement décevant parce que TOUT arrive d'un coup. Les premières emmerdes sont supportables parce qu'on se dit qu'il va y avoir une solution, mais chaque solution se termine en conflit supplémentaire... à tel point que ça devient insurmontable, mais en même temps on se doute bien qu'ils ne vont pas tuer les héros ni trop les faire souffrir... survient alors un détachement total pour les dernières pages puisqu'on sait qu'ils n'ont aucune chance de s'en tirer mais qu'ils vont s'en tirer... surgit alors le deus ex machina attendu. Bon, je n'ai pas lu les albums précédent,s mais même en les ayant lu, je ne vois pas comment on pourrait justifier une telle paresse narrative : l'auteur touche le fond. C'est dommage, à un moment j'ai quand même cru que Bravo aurait les couilles de tuer au moins l'adulte après l'avoir rendu aussi attachant, au lieu de ça il part dans un petit délire insignifiant.


Graphiquement, ce n'est jamais désagréable. Il y a une certaine forme de maniérisme qu'il est plaisant de découvrir. En revanche, je suis déçu du découpage qui manque de variété dans les plans. De plus, les personnages sont rarement seuls dans une vignette, du coup on a droit à des tout petits dessins dans des petites cases, rendant la page assez indigeste en elle-même. Jamais l'auteur n'essaie de jouer avec le regard du lecteur, tout est plat, rien ne ressort. Heureusement, chaque vignette est réalisée avec beaucoup d soin et de rigueur, et ainsi donc tout reste lisible une fois qu'on accepte d'entrer dans la page. Les personnages sont expressifs, ils ont de bonnes têtes. J'aime beaucoup la manière dont il dessine les corps, avec les vêtements, tout simplement. Les couleurs fonctionnent assez bien aussi.


J'ai aussi beaucoup aimé le traitement des rêves. Même si graphiquement, l'auteur reste fidèle à son trait, il propose tout de même de chouettes transformations du héros. Et puis narrativement parlant, c'est assez délirant. Par contre, il y a un ton didactique un peu ennuyeux : je n'ai rien contre la volonté de vouloir éduquer les lecteurs, mais il y a la façon de le faire : ici l'auteur choisit de placer ces instants de manière très frontale... trop frontale.


Bref, je ressors mitigé de cette lecture : la première moitié est bien même si elle ne raconte pas grand chose, la seconde est nettement plus laborieuse parce que l'auteur s'empresse de caser un maximum de choses et se retrouvent bien vite coincé par le déroulement de son histoire. Je vais tout de même persévérer et lire les 5 autres albums.

Fatpooper
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le 16 mai 2016

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