La Règle du jeu - Catwoman, tome 1 par Kab
Judd Winnick qui connait bien l’univers de Batman (pour avoir fait plusieurs run), se voit confier la tache de redonner une nouvelle vie à Selina. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne fait pas dans la dentelle. Ça commence vite et fort et ça ne s’arrête jamais. Le scénariste semble décidé à passer son héroïne à l’essoreuse en la chamboulant dans tous les sens que ce soit de manière affective ou physique. Même le lecteur n’a pas ou peu de repos.
La jeune femme sous la coupe du scénariste perd sa meilleure amie, n’a pas de succès dans son travail car tous les coups qu’elle entreprend finissent mal, n’a plus de chez elle dès les premières pages. Bref la seule constante est que ça va mal. On pourrait croire qu’il n’y a rien de plus qu’un déluge d’action et de scènes de combats et pourtant non. Au milieu de toute cette fureur, Winnick travaille son personnage, en développe de nouveaux (Lola, Gwen, Allonge), tisse des relations, montre le nouveau statu quo parfois en choquant les lecteurs (cf la scène où Batman et Catwoman font l’amour en costume, même si pour le coup, je vois pas trop où c’est choquant).
Sous Winnick, Kyle est montrée comme une accroc au risque et au danger, une femme fatale avec un passé houleux. Mais derrière ça, se cache une plus grande fragilité montrée dans une très bonne scène entre le chevalier noir et la voleuse. On peut voir alors une Selina qui serait peut-être à tendance suicidaire mais sans s’en rendre compte.
Guillem March, ancien dessinateur de Gotham Sirens où apparaissait déjà Catwoman nous montre une Selina tout en sex-appeal, une vraie beauté qui le sait et en joue. Il lui donne aussi des poses plus félines ou qui pourraient s’en approcher, on la voit souvent repliée sur elle-même avant de se déployer comme un chat avant un saut.
Les personnages en général sont très expressifs, les cases sont très bien composées et remplies d’arrière-plans, ça bouge vraiment bien, c’est très dynamique quand il le faut et plus calme lors des scènes intimes. Le découpage n’est pas exceptionnel mais au moins, ce n’est pas du format cinéma en permanence et ça se laisse très bien lire, donc c’est du bon là aussi. Je connaissais peu l’artiste et à part deux planches ratées, le reste est de qualité.
Un premier arc et une nouvelle série qui démarre à fond, une très bonne surprise que je vais suivre avec grand plaisir.