Aventure, amour et tartare d'humains !
Conan a le droit à une nouvelle jeunesse en comics depuis août dernier. Et elle est toujours aussi sanglante !
Rendu populaire à l'international grâce au film Conan le Barbare de John Milius en 1982, le Cimmérien a depuis toujours été présent dans la pop culture. Que ce soit grâce la réédition des nouvelles de Robert. E Howard, au cinéma avec le nanard Conan de 2011, autour d’une table avec les jeux de rôles, ou entre vos mains grâce aux comics. Ce dernier support est d’ailleurs le plus actif pour la licence Conan, des centaines et des centaines de comics ont été édités depuis les années 70. Il faut dire que le découpage des nouvelles originales, publiées dans le magazine Weird Tales durant les années 30, est parfait pour une adaptation en bande dessinée.
Si malgré tout vous ne connaissez pas Conan, sachez que c’est un personnage créé par Robert E. Howard en 1932. Dans ses récits, Howard décrit les aventures de Conan dans le monde Hyborien (un âge fictif situé avant la domination romaine). S’il ne brille pas par son savoir ou sa sagesse, Conan sait se sortir de toutes les situations grâce à sa force herculéenne, son agilité digne des plus grands félins et une intuition masculine hors du commun. Barbare au départ, Conan est ensuite devenu soldat, voleur, pirate et même roi au cours de sa vie ! En bonus pour votre culture : Robert E. Howard est souvent cité comme l’un des fondateurs de la fantasy moderne avec Tolkien, et était même ami avec J.P Lovecraft (Cthulhu & Co) avec qui il entretenait une conversation épistolaire.
Les nouvelles aventures commencent par l’adaptation libre d’une des meilleures nouvelles écrites par Howard : la Reine de la Côte Noire. Conan est pourchassé par des gardes dans la riche ville de Messantia pour avoir commis plusieurs meutres. Il saute rapidement dans un bateau inconnu afin d’échapper à ses poursuivants, ce qui le mènera à rencontrer l’amour de sa vie, Bêlit. Ne vous trompez pas, Conan n'est pas pour autant devenu un preux chevalier au grand coeur. Il se veut aussi brutal que celui de John Milius, tout en étant plus joyeux et charismatique. Des attributs certainement dus à son jeune âge.
Ce reboot par Brian Wood (scénariste de DMZ, également ex-designer chez Rockstar Games) met en avant cette relation entre Conan et Bêlit, en développant plusieurs problématiques. Conan doit-il rester attaché à Bêlit au lieu de parcourir le monde librement ? Est-il digne d’une Reine aussi belle et redoutable ?
Néanmoins, le scénariste n’oublie pas ce qui a fait le sel de la saga : l’aventure - les deux amoureux sillonnent les mers avant de visiter la Cimmérie et Shem - et de sanglants combats parfaitement illustrés pour la plupart. En effet, si Brian Wood arrive à donner de l’ampleur à son arc scénaristique, le nouveau comic Conan pèche par son esthétique. De nombreux dessinateurs (Declan Shalvey, Vasilis Lolos, Mirko Colak, entre autres) se relaient pour donner vie aux idées de Brian Wood, mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur. Conan est un solide géant parfaitement musclé lors de quelques chapitres, puis se transforme soudainement en un frêle adolescent tout droit sorti d’un shônen. De multiples interprétations qui nuisent à la cohérence et font parfois mal aux yeux… A ce défaut s'ajoute quelques longueurs scénaristiques, mais rapidement surmontées au fur et à mesure du développement des intrigues.
Le renouveau de Conan est une réussite ! Tout ce qui a fait le succès de la saga est là, sublimé par une histoire d’amour. Cette dernière composante, pourtant peu présente dans les romans d’Howard, trouve ici une véritable force ! Si vous êtes fan de fantasy, que vous soyez étranger à l’univers de Conan ou non, vous pouvez y jeter un coup d’œil et quelques euros par la même occasion.
Un point sur la parution : Trois tomes ont été traduits et publiés aujourd’hui (La Reine de la côte noire, Fureur sur la frontière et Le cauchemar des bas-fonds). Deux ou trois autres tomes devraient suivre pour mettre fin à l’arc écrit par Brian Wood. Un deuxième arc sera alors développé mais sous un autre nom, que je ne vous révèlerai pas afin de garder cet article spoiler free, et par un autre scénariste.