Son sourire malicieux sur la couverture donne le ton, cette renarde est rusée, mais elle est aussi moqueuse et même cruelle. Elle ne manque pas d’imagination pour attraper ses proies, ni pour détourner l’attention de ceux qui les gardent. Avec la multitude de personnages qui l’entourent, elle pourra les aider ou leur jouer des tours, selon ses envies de renarde libre.
Dans ce milieu forestier et rural, on y croise George, un chien de berger et de chasse incompétent, un loup rabougri, des puces affamées, un cheval faussement révolutionnaire ou un âne dérangé et agressif. Et on ressent même un peu de peine pour cette pauvre lapine angoissée et dépressive, dont les nombreux enfants sont mangés par cette malicieuse renarde qui y trouve toujours une bonne justification.
Le trait est rond, les couleurs franches, mais nous ne sommes pas dans un idyllique album pour enfants. La perversion des codes graphiques est dans le détail, dans les yeux cernés de cette lapine, dans l’air benêt du chien, dans l’arrogance de la posture du cheval.
Marine Blandin et Sébastien Chrisostome se partagent le dessin et le scénario. L’œuvre est malicieusement cynique, avec ses personnages hauts en couleurs, au propre et au figuré. Ça croque sous la dent.