Prépubliés dans la revue numérique Professeur Cyclope, les strips de La renarde ont eu droit à deux tomes à ce jour, entre 2015 et 2019, peut-être les derniers pour toujours, quelle injustice.
Pourtant, quand on aime rire et qu’on a dépassé l’âge de Cédric ou de Kid Paddle, il est parfois difficile de trouver humour à son pied. Oh, Fabcaro et ses continuateurs/imitateurs ont bien proposé quelques albums parfois drôles, d’un humour absurdement cynique sur le couple moderne et la société d’aujourd’hui. Merci à eux. Bamboo éditions a poursuivi son exploration d’un humour grand public, transposition sur petites cases d’un humour du petit écran, moins fin et plus grand public, pourquoi pas.
Il y a bien quelques autres propositions ici et là, et La Renarde des malicieux Sébastien Christosome et Marine Blandin se révèle avec ce nouveau volet tout aussi mordant que le précédent, tout en continuant à investir ce genre mal aimé en France, le strip humoristique.
Dans ce monde campagnard et forestier, les animaux parlent, et ce n’est pas pour discuter de la pluie et du mauvais temps. La Renarde est au centre, fidèle à la réputation de sa race, malicieuse et cruelle, elle joue des tours à la ferme proche et son poulailler ou arrive toujours à se faire un petit encas des portées d’une désespérée lapine. Elle arrive toujours à ses faims, d’une ironie amusée.
L’entourage de la série est riche, lourd en caractères bien marqués, compagnons ponctuels au fil des planches ou adversaires bien peu efficaces face aux desseins de la Renarde. Georges, le chien de garde, a été chassé par son propriétaire, le fermier et chasseur du coin, seul humain de la série, même si l’album révèle qu’il le regrette un peu. Pas très intelligent, de piètre gardien de poule il est devenu piètre gardien de lapinots, pour le plus grand plaisir du goupil ravi d’une telle sécurité. Le nouveau chien de garde est une chienne un peu trop sûre d’elle, qui a le tort de se croire plus maligne que la vulpes. On retrouve aussi Kevin, le gros cheval de trait, gros balourd, hippie équin trop enthousiaste, ou cette lapine et maman dont le malheur ne cesse d’être source de féroces gags.
A noter que ce riche équipage est relancé à la fin du tome avec une nouvel arrivée, prête à dynamiser la dynamique du groupe et peut-être même causer des ennuis à la Renarde, si la promesse de cette fin s’était concrétisée par une troisième tome.
Et puis ce trait rond, faussement choupi, faussement enfantin, comme un album animalier aux personnages déformés, aux couleurs marquées. Un petit régal, que les expressions des uns et des autres complètent l’arsenal comique déjà bien fourni.