La République du Crâne par RomOkami

A travers la destinée d’une bande de pirates, ce one-shot propose une peinture réaliste de leur statut au XVIIIe siècle, ces marins ayant fui le joug de la marine royal ou marchande, poursuivis par les autorités du fait de la menace qu’ils représentent pour le commerce triangulaire et de l’image rebelle qu’ils incarnent. Les auteurs en font des êtres libertaires en opposition au fait d’être assujetti, ils mènent la vie qu’ils décident de mener, bien qu’elle soit difficile et qu’elle soit choisie par défaut. Il vaut mieux vivre libre qu’être enchaîné, cet état d’esprit est alors bien représentée tout au long du récit qui se veut plus naturaliste que romanesque.
De plus, le scénario amène intelligemment l’équipage pirate à rencontrer une autre figure assujettie de l’époque : les esclaves, menée par une reine africaine charismatique, qui se sont libérés de leurs conditions. Ces deux archétypes vont s’associer pour continuer d’exister, ce qui rend leur équipée singulière. De plus, le récit ne manque pas d’humanité , avec cette idée d’inclure un narrateur s’exprimant via le journal de bord, et également dans la caractérisation des personnages faillibles, fatalistes mais aussi déterminés et exaltés.
Le graphisme est soigné et dynamique avec un gros travail sur l’action et les plans d’ensemble pour représenter l’océan, terrain de jeu des pirates (manœuvres, navigation, combats à l’abordage). Cette grande BD d’aventure est alors portée par un vrai souffle épique et engagé, élevant avec pertinence le pirate au statut d’incarnation de la liberté.