Le troisième testament est une série qui a marqué le neuvième art des vingt dernières années. Cette saga ésotérique est un véritable petit bijou d’aventure médiévale. Il y a deux ans, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaître dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisième testament, Julius. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice, déjà présent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiés à Thimothée Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son œuvre était son travail sur les couleurs dans Long John Silver.

L’histoire ne se déroule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en Judée dans les premières années du premier millénaire que nous découvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisième opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La révélation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatrième de couverture nous présente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. »

La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencé un long périple depuis la Judée. Il suit un appel qui résonne en lui et qui mène vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frère du Christ. Sa quête doit le mener vers le Troisième Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagné d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien général romain déchu.

Le premier tome présentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxième marquait le début d’une longue marche qui menait entre autre la petite communauté à découvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son déroulement soit trop linéaire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans réels rebondissements. J’espérais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadé et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.

Les premières pages me plongent à nouveau au côté du groupe et de sa quête prophétique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus précédent. La première étape des voyageurs s’avère être le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une végétation maîtrisée à l’esthétique éblouissante. En effet, il s’agit d’une forêt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphère ressemble à celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bédéphiles en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprécie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dégage toujours cette végétation dense et sauvage.

D’ailleurs c’est ici que naîtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quête. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode précédent, ils étaient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empêché de m’intéresser réellement à eux. Je ressentais peu d’empathie à l’égard de personnes dont la seule qualité était de suivre aveuglément un messie. Mais maintenant, la dimension extrême et compliquée de leur tâche met à l’épreuve leur dévotion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.

Cela génère une intensité croissante tout au long de l’album. Le bémol dû à une linéarité excessive qui habitait le deuxième album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en résulte un suspense certain quant à l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communauté. La conclusion de l’album est réussie à ce niveau-là. Elle n’est pas prévisible et a attisé ma curiosité jusqu’à la dernière planche qui présente une ouverture passionnante pour le prochain acte.

Comme dans le tome précédent, je suis tombé sous le charme du trait de Thimothée Montaigne. Son style m’a séduit dès la première planche. Le travail est précis et détaillé. Chaque image est travaillée. Que ce soit les personnages ou les décors, tout est habité d’une profondeur qui a facilité et accéléré mon immersion dans les pas des héros. La première page offre une gestion des lumières qui est un modèle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait à l’extérieur. La pluie, la forêt vierge, la montagne, le désert… Tout est retranscrit avec la même justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.

Au final, je trouve cet opus très réussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le précédent. Le scénario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beauté. Les auteurs sont arrivés à maintenir ma curiosité quant au devenir de ses héros. C’est le gage d’une certaine qualité tant bon nombre de séries ont tendance à voir leur intérêt s’étioler après des premiers tomes réussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain épisode. Mais cela est une autre histoire…
Eric17
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le 14 déc. 2013

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