Classique parmi les classiques, shojo qui aura su donner une tout autre image à sa ligne éditoriale, voire un chef d'oeuvre pour d'autres. En effet, dès lors que l'on s'intéresse aux mangas, il n'est pas rare de voir La Rose de Versailles catalogué ainsi. Alors, qu'en est-il ? Il en est que Ryoko Ikeda livrera ici un manga historique, dans la limite du possible, d'une fidélité étonnante. En effet, dès la préface -dont je ne recommande la lecture qu'à la fin du deuxième, ou du troisième tomes selon l'édition, au risque de se manger un bon spoil des familles- l'auteure avouera la prise de certaines libertés par soucis de cohérence. Ces prises de liberté mises de côté, la dimension historique de La Rose de Versailles se révélera être l'un de ses plus grands atouts. Tout y est, l'affaire du collier, l'exécution de Louis XVI, le procès de la Reine devant le tribunal révolutionnaire, la rencontre entre Fersen et Marie-Antoinette au bal... Sans compter qu'Ikeda n'hésitera pas à présenter multiples intrigues politiques ainsi que les membres de la noblesse sous toutes leurs facettes, en ce compris même les plus sombres. En témoigne l'acharnement de la dame de Polignac envers Rosalie, ou encore celui de la dame du Bary envers la reine.


Passé quelques pages, une chose saute aux yeux: l'absence de décor. Il n'est généralement présenté qu'une fois, pour montrer le lieu, établir le contexte du déroulement des événements, mais sera mis directement au second plan par la suite, donnant par moments un fond inexistant. La question qui se pose est: pourquoi? Ce procédé permet à l'auteure la mise en avant des personnages, ainsi que, et surtout, leur introspection. L'introspection est quelque chose que j'aime voir présenté dans un récit, elle permet de mener à la réflexion ainsi qu'à -si bien amenée- des situations intéressantes la plupart du temps. Cependant, bien que je sois un fan d'introspection, celle de La Rose de Versailles ne m'a pas plus fasciné que ça. Au début, je pensais que c'était dû aux pensées des personnages que j'avais sans doute trouvé répétitives: une part importante des pensées de Marie-Antoinette sont liées à Fersen, de même pour celles de Fersen envers elle; la majorité des pensées d'André sont liées à Oscar. Le point commun est évidemment un amour impossible, en raison de la fonction/de la condition des personnages précités. Mais en réalité, c'est dû au fait que je n'étais pas plus attaché que ça aux personnages.


Tant que je parle des personnages, dans le manga sont présentés 2 camps: les membres de la noblesse et le peuple qui deviendra par la suite le camp des révolutionnaires. Ce qui est intéressant dans ce cas de figure, c'est qu'il peut déboucher vers le non manichéisme, est-ce vraiment le cas ici ? difficile à dire, mais le simple fait que la réponse ne puisse être donnée dans l'immédiat est un indice de non manichéisme. Au début, les nobles nous sont montrés comme n'étant pas mauvais, ils sont même bons à vrai dire; par la suite les révolutionnaires seront révoltés à l'idée de voir leurs impôts partir dans les poches de leur reine dépensière, qui les utilisera pour jouer au poker avec Mme de Polignac et Cie. Cependant, nous autres lecteurs savons bien que la reine n'est pas vile, qu'elle se fait manipuler par l'intrigante susmentionné. En quelque sorte, l'image des nobles qui n'était pas mauvaise se noircira petit à petit par le biais des personnages de la comtesse du Barry et Mme de Polignac ainsi que par le refus des nobles de payer des impôts, un robin des bois fera même son apparition pour distribuer leur argent aux plus démunis, c'est dire...


Pour finir, notons que le début n'est pas à ranger parmi les qualités de l'oeuvre. Suivre la jeunesse de Marie-Antoinette n'est pas ce que je qualifierais de ''palpitant'', il faudra s'accrocher un peu le temps que ça décolle.


Bien, la partie sur l'histoire principale étant terminé, parlons rapidement du tome 3 -ou 4 selon l'edition-. Il n'est en réalité qu'une succession d'histoires annexes se situant après l'arrestation du robin des bois du chevalier noir. Ces histoires annexes sont plus axés vers l'humour de par la présence du personnage de loulou même si elles bénéficient de temps à autre d'une tournure plus sombre, notamment l'histoire de la comtesse Bathory. Ces histoires sont largement dispensables sans pour autant être mauvaises, on y retrouvera une dimension historique, un ton plus léger mais présentant néanmoins quelques histoires ayant leur lot de drame.


En bref, la rose de Versailles est un manga d'une fidélité historique appréciable, malgré des prises de liberté, laissant place à l'introspection mais qu'on ne lira pas pour sa romance.




Initialement envoyée le 17/05/20
Lu du 27/04/20 au 12/05/20

Begi-
7
Écrit par

Créée

le 27 juin 2020

Critique lue 198 fois

Begi-

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