Pour qu'une BD vaille la lecture, selon mes critères, il faut soit une histoire intéressante, soit un dessin stimulant. Quand on a les deux à la fois, je suis une lectrice comblée. Ce premier tome des aventures réelles de Madeleine Riffaud, héroïne de la Résistance parisienne, avait tout pour me plaire avec, en prime, l'histoire d'une jeune fille dégourdie et généreuse qui ne se laisse jamais impressionner, au temps de l'occupation allemande. Les Résistants étaient alors incroyablement jeunes et passablement inconscients. Il faut certainement ça pour ne pas rester tétanisé en imaginant les sévices sadiques infligés aux prisonniers par la Gestapo. On suit donc la jeune Madeleine de son départ pour le sanatorium à cause d'une tuberculose providentielle jusqu'aux rues pavées d'un Paris admirablement reconstitué, à travers les différentes étapes de son initiation. Adieu aux parents, rencontre avec l'amour mais aussi confrontation avec la pusillanimité masculine la plus vile et décomplexée, premiers contacts avec un réseau de résistants, premières missions pas trop difficiles et ascension dans les échelons. L'occasion d'un voyage dans une France pittoresque, dans des nuances de bleu (voire de gris de Payne, probablement) d'une très belle qualité, qui restitue l'atmosphère de l'époque à la perfection. Enfin, de l'idée qu'on s'en fait depuis notre XXIème siècle bien confortable. L'histoire s'interrompt brusquement à un moment clé, mais heureusement, j'avais reçu en cadeau le tome 2 dans le même temps ! Et puis, pour éponger la frustration, il y a un petit reportage graphique à la fin, qui raconte la genèse de la BD et la rencontre entre le scénariste et l'inénarrable Madeleine, une vieille dame dure-à-cuire à la vie incroyablement romanesque. Tout bon, donc, pour ce premier volume édité avec grand soin et mené de main de maître par un scénariste récompensé par le prix Goscinny, ça n'est pas rien.