Alan Moore sait faire passer ses messages
Un meurtre chez les dieux nordiques, un tournoi de gladiateurs trans-dimensionnel, une invasion de super-rats cosmiques… rien n’arrête les policiers du 10ème district de Neopolis ! L’arrestation de M’rrgla Qualtz, la tueuse de la Balance, a provoqué la colère de ses anciens collègues, les Sept Sentinelles. Mais que cachent en vérité ces anciens défenseurs du bon droit ? Et quel terrible secret leurs anciens partenaires sont-ils prêts à dévoiler ?
La ville de Neopolis a connu une série de crimes que les autorités de police ont stoppés. Grâce aux agents Jack Fantôme, Devil Dust et Peter Electrochoc, le tueur en série, surnommé la Balance, a été emprisonné. Il s'agit en réalité de M'rrgla Qualtz, une créature extra-terrestre qui fut autrefois la Vigilante de Vénus, une ancienne héroïne. Malgré sa cellule entièrement hermétique, l'assassin, qui dispose de pouvoirs télépathiques, manipule les policiers environnants afin de s'évader. Cela est en passe de fonctionner mais l'attention de certains empêche le drame. Le pire est à venir pour le commissariat de Top 10 puisque les anciens compagnons de M'rrgla Quartz, des super héros célèbres, exigent sa libération ! De plus, l’enquête sur le suicide du savant fou du IIIème Reich, le docteur Gromolko est loin d’être finie. Alors qu’une nouvelle enquête sur le meurtre d’un Dieu est en passe de commencer.
Une chose est sûre, Alan Moore doit être fan de séries du genre Esprits Criminels, New-York Unité Spéciale ou autre Blue Blood. Bref de séries policières. Les enquêtes défilent et s’entremêlent sans temps mort. Et au final on a vraiment l’impression de regarder une série. L’histoire s’y prête mais aussi le rythme. Gene Ha et Zander Cannon imposent un rythme effréné avec leurs dessins et leur mise en page. A peine le livre ouvert qu’on arrive déjà à la dernière page. Les dialogues sont excellents et on passe du fou rire à la tristesse sans s’en rendre compte. Bref tout est fait pour que l’on passe un bon moment.
Après, il m’est quasiment impossible de parler de l’histoire tellement elle est dense et riche en rebondissement, il se passe tant de choses en seulement 168 pages. Alan Moore s’en est donné à cœur joie. Une enquête loufoque (la mort du Dieu), en enquête surprenante (le suicide du docteur Gromolko) et une enquête sur fond de pédophilie (M’rrgla Quartz). Encore une fois, c’est riche, varié et super bien ficelé. On ne voit rien venir. Au cours de ces enquêtes, un décès dans l’équipe, le Roi Paon qui participe à un combat de gladiateur, une histoire d’amour entre une femme et un chien, des mensonges, de l’humour et un nouveau venu en la personne Joe Pi. Enfin, personne, c’est vite dit s’agissant d’un robot sosie de Goldorak.
Voilà un point excellent dans ce tome. L’hommage parodique d’Alan Moore et Gene Ha. Et là il y en a une quantité. En plus de ce sosie de Goldorak on a dans le désordre Chalactus, une souris de l’appartement de la mère de Dust Devil est habillée en Aquaman, une autre en Batman, on peut voir des Schtroumpfs, Astérix Obélix et Idéfix dans l’arène des Gladiateurs, des bébés Hawkman et Hawkgirl, l’extraterrestre des Looney Tunes, Atlas de la mythologie qui fait de la pub, Ulysse 31, les 4F et Namor dans un tableau parodiant les Demoiselles d’Avignon, Crisis on Infinite Earths avec la panneau d’embarquement, les Krees et les Skrulls avec les Krells, Oscar Wilde en fantôme, Iron Fist obèse, Ringo Star et Blue Beetle dans le groupe des Blues Beetles. Au final on passe plus de temps à scruter chaque page qu’à lire. Il y a des références et des clins d’œil dans tous les coins.
Félicitations à Gene Ha pour ce travail et surtout pour son travail de titan en général sur ce titre. Quelle inventivité. Chaque case est travaillée, chaque personnage, même secondaire, est approfondi graphiquement, un vrai travail d’orfèvre. Des paysages urbains magnifiques et détaillés. Des publicités pastiches sur tous les murs.
Dans le premier volume nous avions une petite réflexion sur l’homosexualité, dans ce deuxième tome, il y a aussi un sujet de société de mis en lumière avec le racisme. En effet, le nouveau venu, Joe Pi, est un robot, et les robots ne sont pas très bien vu à Neopolis, et certains membres de l’équipe nous louperont pas de lui faire des réflexions et des blagues racistes. Et pour contrer cela, Alan Moore répond par la tolérance on nous créant le robot le plus sympathique qu’il puisse y avoir.
Encore une fois, comme dans « Bienvenue à Neopolis », à travers ses Super-Héros, Alan Moore s’intéresse plus aux sentiments humains, qu’aux Super-pouvoirs qui ne sont qu’un prétexte pour travailler en profondeur ses personnages et leurs sentiments respectifs. Leurs sentiments et leurs ressentis sur la vie quotidienne à la puissance super-héros. L’équipe du 10ème district, vivent des moments de joie, des drames, voient des crimes pédophiles, des meurtres multipliés de façon exponentielle de par leurs pouvoirs. Un univers de folie où tout est possible mais où règne tant de sensibilité. Sensibilité que l’on ressent tout au long de l’ouvrage grâce au talent d’Alan Moore.
Bref, après une première incursion à Neopolis avec le tome 1, le tome 2 nous en met plein la vue. Tout est multiplié à Neopolis, les crimes, les liens entre les personnages, la sensibilité, l’humour. Une histoire qui prend la forme d’une série télé de par son rythme et son intensité. Des enquêtes prenantes. Des personnages tellement attachants de par leur si grande sensibilité au vue de leur terrible force ; De l’humour parodique à foison. Ce tome 2 est un condensé de bonnes choses et de talent. Alan Moore et Gene Ha signent une œuvre magistrale avec un monde fou mais cohérent, où il est plaisant de venir se perdre de temps à autre.