La Rupture tranquille par Eric17
« La rupture tranquille » est un ouvrage que je me suis offert sur la seule base d'une critique élogieuse lue dans un magazine de bandes dessinées. Cette revue présentait cet album comme un chantre de l'humour cynique, acide et amoral. Tout cela avait attisé ma curiosité et j'ai donc franchi le pas en me le procurant. Cet opus est édité dans un format carré de taille moyenne. L'auteur est Terreur graphique, inconnu jusqu'ici au bataillon. Edité chez Même pas Mal, il se compose de plus de soixante-dix pages, chacune se composant au maximum de quatre cases. La couverture nous présente un personnage principal muni d'une arme à feu, la chemise pleine de sang. Au second-plan, on découvre un homme pendu, des victimes sur le sol et des centrales nucléaires qui s'emballent. Bref, tout va bien !
Le bouquin ne possède pas réellement de fil conducteur. Il nous présente des planches indépendantes nous narrant un gag. Certaines fois, plusieurs pages successives traitent d'un même thème. Du côté des thèmes, le gras et le trash sont de sortie. L'auteur n'a aucune nuance et aucune finesse dans ses blagues et il cela fait partie incontestablement de sa patte. Je suis loin d'être fermé à ce type d'humour et était donc curieux de me plonger dans ce nouvel univers...
Il est évident que cet ouvrage ne s'adresse pas à tous les publics. Il faut accepter le fait qu'il n'y a aucune limite dans l'imagination de l'auteur. Un non adepte du genre pourrait voir germer un certain malaise en découvrant ces pages. Le sexe n'a rien d'érotique, il est crade. Le scato est de sortie de manière régulière. Les rapports malsains entre adultes et enfants donnent également lieu à certains gags. Bref, on se rapproche d'une ambiance à la « Hara Kiri » de la grande époque. Les adeptes du genre l'apprécieront, les autres passeront leur chemin.
Personnellement, j'étais curieux de m'immerger dans cet univers. J'avais déjà découvert et apprécié des blagues utilisant cette dimension « no limit ». Néanmoins, je n'avais jamais réellement eu l'occasion de le plonger dans un album complet construit sur ces critères-là. Les premières pages ne me déplaisent pas. Le côté outrageant de certaines situations chatouille mes zygomatiques et me laisse espérer une lecture dense et prenante. Hélas, la magie a tendance à disparaitre et à me lasser. Rapidement, je trouve cela moins drôle car davantage répétitif. Comme pour les films potaches, le bon dosage est dur à trouver. Si on en fait trop, le côté vulgaire ressort au détriment du côté drôle et transgressif. C'est le problème rencontré par « La rupture tranquille ». Très vite, je me suis ennuyé de découvrir des gags finalement sans originalité dont le seul objectif semble être d'en faire toujours plus. Peut-être ne suis-je pas sensible à l'auteur ? Néanmoins, le résultat est là et les pages qui m'ont fait rire sont finalement assez rares.
Le scénario m'a donc peu conquis. Les dessins non plus. Je pourrais vous dire que le trait de Terreur Graphiq est particulier et génère un univers qui lui est propre. Ce n'est pourtant pas ce que j'ai ressenti. J'ai trouvé les illustrations sans réelle ampleur. Le trait est grossier et ne transcende pas réellement le propos né des propos de l'auteur. Les personnages se ressemblent tous. Cela peut-être un choix. Mais comme tout choix, il peut prêter à débat et je ne fais pas partie des défenseurs. L'impression que j'ai eu en découvrant cet album, c'est que le travail n'a pas été suffisamment soigné et approfondi. J'en suis le premier désolé.
En conclusion, « La rupture tranquille » m'a profondément déçu. Je m'attendais à découvrir un ouvrage transgressif qui serait un OVNI dans l'univers du neuvième art. Finalement, j'ai le sentiment d'avoir lu un ouvrage aux propos grossiers et aux dessins sans ampleur. Je ne regrette pas de m'être plongé car la richesse nait de la diversité. Mais de là à dire que je plongerai à nouveau dans l'univers de Terreur Graphique, cela est une autre histoire...