Alors ça c'était excellent. Il y a une volonté avouée de renouer avec les sagas islandaises (que ça soit pour les auteurs, mais aussi pour les personnages de l'histoire), on est plongé dans une Islande qui va mal, sujette à des tremblements de terre, des éruptions volcaniques... à la misère...
On est clairement face à une œuvre qui prend aux tripes, où les sens du lecteur sont sollicités, le vent, le tonnerre, les grondements de la terre, les vibrations du sol... le froid... le dessin arrive magnifiquement à les faire sentir.
La noirceur se sent partout, tout est désespéré, même si Moreau a l'intelligence de placer quelques moments de tendresse afin de contrebalancer et qui tranchent radicalement avec l'ambiance, permettant de montrer que tous ces gens sont humains.
On sent tout un chaos qui se met en branle et où les personnages sont perdus dans un univers bien trop dangereux et triste pour eux...
Il se dégage une impression d'incompréhension totale entre Grimr et les autres personnages, un sentiment d'injustice, ce qui ne fait que rajouter à la rudesse du monde. On sent toute l'animalité du personnage, on sent qu'il catalyse la violence, qu'il terrifie les gens qu'il a en face de lui. Et la seule tendresse qu'il peut avoir, un peu gauche certes, elle est pour cette jeune fille et ça fonctionne très bien : la belle et la bête...
C'est clairement une réussite, très bien découpée, sachant être muette lorsqu'il faut, se concentrant uniquement sur l'image, c'est une aventure forte !