La Totalité - Justice League : New Justice, tome 1 par arnonaud

La série Justice League : New Justice de 2018 (en VO) est le relaunch ambitieux de l'équipe phare de DC Comics par une équipe créative de premier plan : Scott Snyder, qui est devenu un scénariste star avec sa reprise à succès de Batman en 2011 et qui sortait alors tout juste de l'event Batman : Metal, et il est accompagné par le dessinateur légendaire Jim Cheung (surtout connu pour son travail chez Marvel) et l'étoile montante Jorge Jimenez, qui s'est fait remarqué par tout le monde suite à sa prestation aux dessins de Superman et de Super Sons.

Il y avait clairement l'envie de faire de ce run un classique moderne, et en fait c'est au final un run plutôt controversé. Je dois avouer que je suis épaté de voir à quel point ce tome 1 est détesté sur SC (ou en tout cas laisse un sentiment mitigé) au vu de sa moyenne vraiment pas incroyable. Cet ouvrage a clairement des défauts, mais pour ma part j'ai quand même globalement apprécié ma lecture.

Comme je le disais en intro, Scott Snyder est aux commandes de ce relaunch de la Justice League qui a l'ambition de remettre l'équipe au premier plan. Le roster est celui, culte, du dessin animé, et voit donc Hawkgirl, John Stewart et surtout Martian Manhunter revenir au premier plan dans la ligue. Et l'équipe est de retour dans le QG terrestre du "Hall de justice", l'autre QG culte de la ligue avec le satellite. Pour les adversaires, là aussi c'est très bien choisi, puisque c'est la Legion of Doom, un rassemblement des nemesis des membres de la ligue avec Lex Luthor aux commandes, et donc à ses côtés : le Joker, Sinestro, Gorilla Grodd, Cheetah et Black Manta.

Et Snyder lance tout ce beau monde dans une intrigue ultra ambitieuse, ultra épique, aux proportions cosmiques, au long cours et pleine de mystères. Ca paraît à la fois inspiré par la JLA de Morrison (que je n'ai pas encore lu) qui avait fait de la Justice League un blockbuster moderne, et par l'ambitieux run de Hickman sur les Avengers, avec son épopée fleuve, aux proportions multiversielles, donc forcément ça fait envie. Mais c'est là que le titre se casse un peu la gueule. Snyder part tellement loin dans ses délires qu'il en oublie parfois d'être clair. Son intrigue n'est pas toujours évidente à suivre et ça part parfois un peu dans l'abstraction. Ca manque un peu d'explications posées, de schémas pour aider à tout piger clairement. En plus, il y a la volonté de Snyder de garder pleins de mystères en réserve, donc ça n'aide pas.

Le scénariste a toujours eu une tendance à en faire un peu trop, mais s'il savait à peu près se retenir dans ses premières histoires sur Batman, là il est en totale roue libre. C'est là que les chapitres intermèdes écrits par Tynion IV, dont l'écriture est plus sage, font office de respirations bienvenues et permettent de s'y retrouver un peu plus dans l'intrigue. Et en même temps, cette exubérance de Snyder est une belle célébration de la liberté donné par les comics par rapport aux autres médiums, et perso ça m'a quand même fait ultra plaisir de lire la Justice League dans une intrigue aussi épique et ambitieuse.

Et si tous les personnages ne sont pas forcément équitablement mis en avant, il y en a certains avec lesquels Snyder fait de chouettes choses. Le focus sur Martian Manhunter fait plaisir et j'adore comment il écrit Gorilla Grodd. C'est un vilain que je ne maîtrise pas du tout (j'ai pas lu beaucoup de Flash dans ma vie), et là ça me donne vraiment envie d'en lire beaucoup plus sur lui. Et pareil son Lex Luthor, au coeur de l'album, est vraiment pas mal. Il le pousse vraiment très loin, notamment sur son côté scientifique de génie et dans ses plans tarabiscotés, et il arrive à le rendre assez fascinant, notamment par son côté homme normal ultra ambitieux qui arrive à faire jeu égal avec des puissances qui le dépasse. Le perso prend peut-être un peu trop de place, mais est à mon sens clairement une réussite.

Passons maintenant au point fort indéniable de l'album : la partie graphique qui est somptueuse (à part les intermèdes, surtout celui dessiné par un Mikel Janin en petite forme et mal colorisé par Jeromy Cox), avec le génial Jim Cheung pour l'intro et la conclusion de l'arc, qui nous fait des pages magnifiques superbement colorisées par Tomeu Morey. J'adore cet artiste et ça fait super plaisir de le voir sur les personnages DC. Après ça on retrouve un Jorge Jimenez toujours aussi talentueux et en pleine forme, et que la colo d'Alejandro Sanchez met hyper bien en valeur. Bref, c'est un régal de lire un titre aussi beau.

Et je n'en ai pas vraiment parlé jusque là, mais cette série s'inscrit donc dans une longue saga pilotée par Snyder, qui commence avec l'event Batman Metal, se poursuit dans le one-shot Justice League : No Justice, avant d'enchaîner sur la présente série New Justice, qui arrive ensuite au one-shot Doom War pour enfin amener à l'event Death Metal (avec en parallèle de New Justice la série sur le Batman qui rit). J'ai lu Metal et No Justice mais je n'en avais plus trop de souvenirs (et que je n'avais pas apprécié outre mesure) et ça ne m'a pas gêné à la lecture. C'est mieux de les avoir lu avant, surtout que le récit de Snyder est déjà assez complexe comme ça, mais ça peut s'apprécier sans.

Bref, pour ma part j'ai trouvé ce tome 1 très sympathique. J'ai apprécié l'ambition, la tonalité épique et les dessins magnifiques. Si vous n'avez pas peur des intrigues un peu baroques, ça peut valoir le coup de tenter. Ceci dit, je n'ai pas lu la suite, donc si ça se trouve, tout se casse la gueule dans les tomes suivants. Mais c'est un chouette départ.