La Trilogie - Ultimate Galactus (Marvel Deluxe) par AntoineRA
La trilogie Ultimate Galactus se compose de trois arcs majeurs (plus une histoire de fond en complément répartie sur plusieurs autres numéros), contrairement à son homologue de l'univers courant de Marvel qui tenait sur trois numéros.
ARC 1 : Ultimate Nightmare
D'office, les habitués de la trilogie Galactus perdront leurs repères puisque l'intrigue n'est pas centrée, ici, seulement sur les 4 Fantastiques. En effet, dans le but de rendre l'univers Ultimate le plus interactif possible entre les différents titres, ce sont le S.H.I.EL.D. (Fury, Falcon), une partie des Ultimates (Captain America, Black Widow) et les X-Men (Xavier, Colossus, Phoenix, Wolverine) qui entrent tout d'abord en jeu.
L'histoire débute par un objet céleste atterrissant (s'écrasant plutôt) sur Terre au début des années 1900, puis découvert par la suite mais caché du grand public. Retour à l'époque actuelle où un signal parasite toutes les fréquences vidéo et diffuse l'extinction d'une race extra-terrestre, prévenant l'humanité que le même sort l'attend. Le S.H.I.E.L.D. se met sur le coup, tout comme les X-Men, et ils tentent de découvrir le lieu d'émission du signal. Cela les mène à une base soviétique souterraine (lieu d'impact de l'objet 100 ans plus tôt), où ils vont trouver leur émetteur : Vision, très endommagé.
Le scénario est mené avec brio par Warren Ellis, posant les prémices de la menace Galactus, tout en développant une histoire tout autour dans la base soviétique très agréable à lire. Cette seconde intrigue permet clairement de rallonger l'épilogue (avec l'affrontement Ultimates/X-Men notamment) mais est construite de telle sorte qu'elle est connectée à la principale et lui donne plus de profondeur. Pour l'appuyer, Hairsine (et Epting le temps d'un numéro) offrent de bien jolis dessins, pleins de dynamisme, accentuant le plaisir de la lecture.
ARC 2 : Ultimate Secret
On vient de trouver Vision dans l'arc 1, mais le 2 coupe l'histoire par un lancement de navette dans l'espace, attaqué par les Kree avant son décollage, et l'arrivée de Mahr Vehl pour sauver l'évènement. Un Captain Marvel au design très moderne, bien loin de sa contrepartie de l'univers 616. Le Kree humanisé va ensuite révéler que son peuple a des donnés sur l'entité menaçant la Terre : Gah Lak Tus. Les 4F sont alors conviés à la fête et, avec les Ultimates, vont récupérer ces infos à un général Kree devenu fou qui voulait seulement être témoin de l'extinction de la Terre pour trouver un moyen de protéger son monde.
Ellis continue de ficeler son scénario comme il se doit autour de la menace Gah Lak Tus (comme ils l'appellent ici) mais l'on sent qu'il essaie de gagner du temps. On en est à la moitié, toujours pas d'intervention du Galactus version Ultimate, ni de Surfeur d'Argent. Le rôle du Gardien qui vient prévenir peut être assimilé à Vision toutefois, mais dans ce second arc, il est aussi très à l'écart. Le principal restant la révélation des Kree dans l'Ultimate-verse. Et ce sont cette fois McNiven et Raney qui mettent le tout en dessin. Le premier se montre plus soigné et détaillé, et le second plus enfantin dans son style, mais pas de grand fossé entre les deux et l'histoire prend toute sa teneur dans leurs esquisses. Le design des Kree est réussi et certaines scènes remarquablement mises en place.
ARC COMPLÉMENTAIRE : Visions
Voici donc un arc complémentaire qui se répartit sur des numéros d'Ultimate Spider-Man et Ultimate FF, 5 pages à chaque fois, pour 6 numéros en tout. Au total, l'équivalent d'un comics qui sert également de prequel à la mini-série centrée sur Ultimate Vision.
Dans cette trentaine de page, on assiste à la réparation de Vision, qui devient en fait un androïde à la courbe féminine, et relate alors son épopée. Initialement très basique, avec un message qui mit des millénaires à être déchiffré par la première race alien qui fut prévenue de l'arrivée de Gah Lak Tus, Vision fut alors améliorée pour porter un propos qui serait compréhensible par n'importe qui dans l'univers, et enregistrer tout ce dont elle était témoin. De nombreuses scènes d'extinctions planétaires donc, jusqu'à son arrivée sur Terre. Vision enregistre alors tout ce qu'elle peut, et fait la remarque que la race humaine possède quelque chose de spécial, mais ça ne la sauvera pas de Gah Lak Tus, et l'ombre de la forme de la tête bien connue de ce personnage suprême apparaît ensuite.
Mark Millar s'est chargé d'écrire cette histoire de fond. Pas grand chose à dire si ce n'est que ça donne plus de précisions sur Vision, mais aussi sur l'étendue du Ultimate Galactus. John Romita Jr., en charge des dessins, a un style très simpliste, très 2D, mais qui va bien avec cette histoire principalement composée d'un récit.
ARC 3 : Ultimate Extinction
Enfin, l'histoire prend la tournure de l'invasion, avec des hérauts de Gah Lak Tus sous la forme d'Hommes Argentés, très similaires au surfeur, mais avec des aile généralement, qui sont ici pour affaiblir les forces humaines en créant des vagues de suicides. D'un autre côté, on a une armée de clones de Moondragon endoctrinés par l'Enclave qui vouent un culte à Gah Lak Tus et se mettent dans les pattes du S.H.I.E.L.D. en les attaquant à leur base. Et enfin l'équipe de cerveaux chez les superhéros ont un aperçu de Gah Lak Tus, mais dans l'espace, et jamais sur Terre. Car, en effet, tout le personnage a été réinventé, et il se montre ici démesuré vu qu'il prend l'apparence de milliards de petits robots formant un amas. Une représentation imposante mais complètement creuse puisqu'elle a bien du mal à apparaître comme entité suprême. Reed Richard construit même un Ultimate Nullifier et l'utilise pour le détruire en partie, et le faire fuir.
Ellis s'essouffle et on le sent pressé de terminer cette histoire qui, finalement, n'avait jamais complètement commencé. Gah Lak Tus est rapidement expédié alors qu'il y avait matière à construire un développement bien plus fort que celui proposé ici. Le final est facile, et l'on est déçu de s'être fait entraîné dans une telle histoire qui ne répond pas aux attentes que l'on s'en faisait. Par ailleurs, le dessin de Brandon Peterson est très figé, genre modelage 3D, et a du mal à charmer pour une conclusion qui demande des scènes mouvementées et affrontements musclés.
Au final, cette version Ultimate de la trilogie centrée sur Galactus, un des évènements les plus marquants de l'univers mainstream, réinvente totalement la mythologie de cette entité de l'univers. À différentes époques, différentes approches. En effet, ce côté technologique colle bien mieux avec la ligne Ultimate qu'un géant traversant l'univers. Tout comme le fait que les 4F ne soient pas les seuls concernés. Toutefois, cela enlève pas mal de poursuites d'histoires avec Gah Lak Tus, tout en effaçant toute personnalité de la créature, ce qui est bien dommage. Par ailleurs, alors que l'intrigue bâtie se montrait des plus intéressantes, son apparition reste très brève et fait davantage l'effet d'un pétard mouillé. Qui plus est, les dialogues et l'humour laissent souvent à désirer, et l'on se contente davantage des dessins généralement de qualité.