Une véritable leçon de Bande-dessinée ! Est-ce d'ailleurs encore de la BD lorsqu'on parvient à atteindre un tel niveau de qualité ?
On pourrait à priori se dire que ces albums valent avant tout le détour pour le dessin de Rosinski. Mais le scénario de Sente est palpitant de la première à l'ultime page. Les révélations, les retournements de situations ou même les déroulements narratifs simples sont excellents. Les deux auteurs atteignent des sommets dans leur domaine respectif. Visiblement passionnés par le XIXe siècle français, le duo fait de La Vengeance du Comte Skarbek un enchaînement de clins d'œil en tout genre sur une époque de révolutions, chargée de péripéties, d'excès et de bouleversements. On notera les références à Daumier, à Chopin, à Dumas, et même à Jack l'éventreur. Sans oublier La Liberté guidant le peuple de Delacroix et bien sûr la peinture impressionniste ou à celle de Jean Béraud dans ces magnifiques cases de décors et de paysages citadins.
Alors parfois on pourra sentir une petite faiblesse par-ci par-là (notamment lorsqu'on distingue encore les traits de construction au crayon dans certaines cases) ou une influence des séries télévisées US qui fait constamment dire aux personnages durant tout le tome 1 "Votre Honneur" en s'adressant au juge lors du procès. Erreur qui a d'ailleurs été corrigée pour le tome 2, dans lequel l'appellation française normale est rétablie ("Monsieur le président"). Il y a aussi une redondance lorsqu'au moment des ultimes révélations du Bourbeux à Marsac, ce dernier s'interroge deux fois sur la main coupée de l'usurpateur.
Mais ces petites erreurs ne sont que des peccadilles en regard du reste qui est de très haute volée.