Binet tire violemment sur une catégorie qu'il semble détester très personnellement : les maris qui gâchent leurs mariages. Le tome est une suite d'histoires de quelques planches, un format sympathique qui change des histoires générales de Binet. Ici, Raymonde désespère du peu de romantisme de son mariage et voit sa vie comme un vaste échec. Mariée depuis 15 ans avec Robert, son cœur, comme son corps, n'ont jamais été comblé.
Ce tome est rempli d'une douce mélancolie qui émeut plus qu'elle ne fait rire, malgré quelques bons gags, trop rares à mon goût. Il faut dire que je ne suis pas fan de Binet. Je connais par cœur son coup de crayon et son ambiance ne me fait pas rire. Il me faut une vraie blague, une vraie mise en scène pour m'amuser, moi qui ait pourtant le rire facile.
Pourtant, quelques uns des gags de ce tome sont prodigieusement drôles mais restent, malheureusement trop rare. On est aussi surpris de voir arriver de manière si brutale et totale la question de la sexualité, présente, certes, mais de manière anecdotique, jusque là.
Globalement c'est un Robert et une Raymonde qu'on connait déjà par cœur et c'est surtout ça le problème : on est pas surpris et ceux qu'ils se disent, ils se le sont déjà dit mille fois. Les personnages avancent dans une pièce que l'on connait déjà trop bien et on regrettera surtout le manque de nouveauté.
Pourtant, le ton mélancolique et la fin en forme de happy end marque l'aspect profondément personnel de Binet. Combien de femmes malheureuses en ménage a-t-il dû voir dans ses amies ? Ici, il les venge. Non pas via Raymonde, mais via Robert, en montrant du doigt toute son ignorance et sa bêtise. Raymonde, elle, reste la gueuse sans force et sans volonté qu'elle fut toujours. Et c'est bien ça le principal problème. Avec des personnages aussi peu actifs, comme peut-on espérer que la BD le soit ?