Second tome de "La Vie Secrète des Jeunes", poursuivant dans la ligne directe du premier, soit l'observation - précise - et la retranscription - impitoyable - de scènes "de la vie quotidienne". Alors, quoi de neuf par rapport au premier volume ? Pas grand chose en fait, les thèmes principaux émergeant de ces chroniques pour le moins brutales restant grosso modo les mêmes : parents abusifs, ados bas du front, musulmans au discours ambigu vis à vis de la société française, histoires de cul ou d'amour parfois compliquées mais généralement triviales... C'est un portrait assez noir de l'humanité que dresse Sattouf ! Au point que, malgré le rythme addictif de ces pages, malgré la force et la justesse du dessin, malgré les sourires que le livre nous arrache ça et là, c'est une sorte d'accablement qui nous gagne, à force. Mais ce qui finalement est le plus gênant, c'est que l'apparente "neutralité" de Sattouf derrière son principe - assez froid - de transcription du réel encourage paradoxalement une vision un peu surplombante de cet enfer (les Autres) auquel le lecteur se refusera logiquement d'appartenir : les non-Parisiens y verront une raison supplémentaire de hair Paris, les racistes y trouveront la confirmation que les Arabes et les Blacks devraient être chassés, les vieux cons détesteront les jeunes cons, et vice versa... Alors, s'il y a quelques pages qui transcendent le livre (qui le sauvent, à elles seules ?), ce sont celles - terribles - décrivant l'inconscience totale des "meufs" du Gang des Barbares : là, Sattouf touche quelque chose de vertigineux, et met son objectivité au service d'une vérité essentielle, même si largement incompréhensible. [Critique écrite en 2014]