La Voleuse du Père-Fauteuil : Édition intégrale par Sejy

Je suis assez déconcerté du quasi-anonymat qui règne autour de cette série. Car c'est indiscutablement une grande oeuvre et, pour moi, une très belle révélation.

S'inspirant de l'univers fictionnel des meilleurs feuilletons de la fin du 19ème, les sieurs Omond et Yoann nous charment des aventures rocambolesques et romanesques de la délicieuse Ariane. Sur fond des turpitudes du bipartisme politique de sa contrée, on découvre la jeune fille s'improvisant monte-en-l'air, espérant ainsi rencontrer l'homme mystère, virtuose cambrioleur défrayant la chronique et qui, accessoirement, fait fondre son petit cœur de « midinette ». Ainsi débute le chef-d'œuvre...

Tous les meilleurs stéréotypes qui firent le succès du genre sont là. En vrac : redresseurs de torts charmant(e)s, folles poursuites, galerie de personnages hauts en couleurs, complots politiques, manipulations génétiques, sabotages, réunions secrètes, passion amoureuse, émois gomorrhéens, tentatives de révolte, répressions policières... Florilège d'émotions se succédant sur un rythme frénétique, trépidant. Bien que l'ensemble repose sur un fond assez grave et une somme de sujets résolument forts, la lourdeur du propos est esquivée par un traitement fantaisiste et humoristique tout en décalage.

Un décalage principalement dû à un processus narratif particulier. Chaque page découpée en trois bandes panoramiques est « assistée » d'une voix off, sorte de journal de bord « live » explicatif et récitatif. Ce mécanisme aurait pu nuire gravement à la série, produisant notamment un doublon avec le dessin. Totalement maîtrisé, il en fait finalement sa très grande force. Le trait dynamique, superbe (quelles couleurs !) , tout en caricature et à limite du « grotesque » est étayé de dialogues truculents. Il crée un déphasage progressif qui permet de passer subtilement du ton (pas toujours) sérieux du texte vers une ambiance beaucoup plus burlesque. Point d'orgue du procédé, l'introduction de chacun des chapitres par la « Une » polémique de l'un ou l'autre des journaux. Une véritable réussite.

En utilisant la plupart des poncifs du genre, les auteurs ont, malgré tout, su trouver la recette magique pour nous offrir une oeuvre très originale à la dimension dramatique évidente. C'est riche, captivant, épique, émouvant et souvent très drôle. Je suis véritablement conquis.
Sejy
9
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le 20 août 2011

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Sejy

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