Un vrai petit bijou sur la calomnie et la rumeur néfaste. C'est certes traité avec une certaine légèreté et beaucoup - mais vraiment beaucoup - d'humour (la guerre psychologique est une sacrée trouvaille), mais il n'en demeure pas moins que le propos est efficacement explicite. La planche du thé chez Bonemine est meilleure que n'importe quelle définition du dictionnaire pour expliquer la manière dont fonctionne le commérage vindicatif alimenté par l'orgueil et la vanité. La thématique de l'album est autrement plus universelle que l'aventure traditionnelle qui se déroule dans un pays dont on moque gentiment les us et coutumes ; et c'est ce qui fait la qualité majeure de La Zizanie.
Le contraste entre l'humour burlesque et la gravité du thème de base donne sa pleine efficacité au récit. Les légionnaires sont particulièrement demeurés, menés par un "Lino Ventura" particulièrement expressif tandis que l'on découvre véritablement pour la première fois la peste de Madame Agecanonix. On l'avait sans doute déjà aperçue (avec son petit panier sous le bras) dans Les Jeux Olympiques lorsque les épouses disaient au revoir à leurs maris partant pour la Grèce et dans la première case du tome précédent, toujours avec son petit panier sous le bras, suivie par un Agecanonix plus dragueur que jamais.
Un des tomes indispensables de la série.