Classique des classiques, Lady Snowblood est connu dans le monde occidental pour être l'inspiration première de Quentin Tarantino pour la réalisation de Kill Bill. Si ça a le mérite de redonner un éclairage et une visibilité à ce manga, c'est malheureusement terriblement réducteur.
Lady Snowblood est un seinen comme on en lit peu. C'est d'abord son ancrage historique qui en fait un must read. Tous les événements sont datés précisément au sein de l'ère Meiji et sont abordés avec le prisme de l'Histoire. Les auteurs vont même parfois jusqu'à questionner le fil de l'Histoire en leur nom propre ce qui donne lieu à des réflexions simples mais pertinentes. En choisissant l'ère Meiji, les auteurs content leur histoire au sein d'un monde en transition dans lequel se heurtent la tradition japonaise et l'exotisme séduisant de l'Occident. Ce dernier y est dépeint comme frivole et décadent mais, au travers d'une intervention des auteurs, il est aussi vu comme positif quand ils évoquent le fait qu'en choisissant véritablement l'influence occidentale, le Japon aurait peut-être par la suite évité certains conflits meurtriers pour sa population. Bref, pour le petit occidental que je suis, toujours avide de culture japonaise, Lady Snowblood fait le taf!
Au sein de ce pays en pleine évolution, le personnage principal est une femme. Une héroïne, plus forte, plus souple, plus rusée que le moindre des hommes que l'on croise. Autre grande force de la culture manga japonaise, les femmes jouissent de personnages indépendants, forts dès les années 70' et peuvent même compter parmi les héros les plus badass de l'univers japonais: cf. Gally ou ici Lady Snwoblood.
Héritière d'une vengeance qu'elle se doit d'assouvir notre héroïne est une assassine implacable. Qu'on la suive lors de ses contrats ou lors de l'accomplissement de la vengeance de sa mère, on est constamment soufflés par l'intelligence de ses stratagèmes et par son efficacité au combat. Comme disait Godard-san, "Tout ce dont vous avez besoin pour faire un film, c'est d'une fille et d'un flingue". Les auteurs l'ont très bien compris et usent de tous les artifices espérés dans ce genre de production:
- Saphisme soft mais très sexy
- Combats au sabre, nue
- Danses de la mort
- Plans machiavéliques qui permettent à Lady Snowblood de ne pas se salir les mains ou d'accuser ses cibles d'un meurtre lambda
- Hommes misogynes complètement dépassés par l'intellect de Lady Snwoblood
Bref, c'est inventif, le trait est soigné, vif, sensuel. Certaines planches en doubles pages sont réjouissantes et changent des découpages actuels qui laissent de moins en moins la place à des dessins de grande ampleur. J'ai vraiment hâte de lire la suite!
Lady Snowblood est un manga inoubliable, un modèle du genre, LE canon de la "FeminineVengeancePloitation". (Cherche pas, ça n'existe pas sous ce nom mais j'avais pas envie de chercher s'il y avait un vrai nom pour définir le genre)