Après un premier tome ma foi sympathique bien que sans trop d'ambitions, voici donc la suite des aventures du combattant badass par excellence, j'ai nommé, Richard Aldana (Richard, quel nom de merde quand même) et de son jeune acolyte Adrian Velba.
Comme dans le premier tome, les bastons s'enchaînent, plus rapidement ici, on ne s'attarde pas trop sur les détails. On peut apprécier la première victoire du petit Adrian qui va sûrement connaitre une évolution à la Naruto au fil de l'histoire, vu comment c'est parti. Richard distribue toujours aussi bien ses mandales et c'est un plaisir que de voir ces bastons sous le trait bien particulier de Vives.
Le dessin est toujours aussi bon, entre ébauche et perfection, une fluidité incomparable dans le trait et un don pour laisser le lecteur imaginer l'image tandis que le dessinateur se contente de quelques traits pour suggérer le réel. C'est beau, c'est fluide, ça coule tout seul, les pages s'enchainent très vite et on arrive à la fin sans avoir eu l'impression de vraiment commencer ce "manga à la française".
Qu'est-ce qui ne va pas alors?
Le premier tome nous servait déjà un ramassis de clichés plus gros les uns que les autres, amusants clins d'oeils à l'univers du manga et de la BD SF. Embarqué dans un début d'histoire, on se laissait entrainer, pourquoi pas se disait-on.
À présent, au bout de deux tomes, quelques questions émergent. Combien de temps ça va durer, ces clichés à répétition?
Entre le roi qui ressemble forcément à un roi, la reine qui est forcément jolie, le méchant du tournoi qui est forcément vicieux mais pas si fort que ça, le type masqué mystérieux badass, le vieux papi qui a la tête de tous les vieux papis de toutes les BD du monde, les femmes qui n'ont d'autre rôle que de soutenir les hommes (sans déconner, aucune n'a un vrai rôle, à part peut-être la mère d'Adrian qui risque de nous faire son coming out dans le prochain tome, et encore, j'ai peur que ça n'aille pas bien loin), Richard qui réagit exactement comme auraient réagis TOUS les héros de ce type...
C'est pas bien compliqué, niveau personnages et situations, nos trois bédéistes français se contentent de réutiliser des archétypes mille fois utilisés, usés jusqu'à la moëlle, fatigués d'entrer encore et toujours en scène.
Alors, oui, ça fonctionne pas trop mal, on s'y prend, la mère d'Adrian est attachante et jolie, on a envie de voir le gamin en question prendre du poil de la bête, Richard a de la gueule, quoi que son "mystérieux passé" est tellement mal amené que ça m'a fait lever les yeux aux ciels plus d'une fois. OK, on a compris qu'il a un lourd passé et qu'il veut pas tout révéler parce qu'il est trop dark tavu, mais bon, encore une fois, c'est du réchauffé.
La seule surprise de ce tome est la fin, que je ne spoilerais pas, et qui laisse présager de nouvelles situations à l'avenir; espérons que cela ne retombe pas dans tous les poncifs du genre et parvienne à se démarquer du reste de la production japonaise/SF.
Pour avoir rencontré Balak, Vives et leur compère dont j'oublie tout le temps le nom (Sanlaville? Sanslaville? Truc comme ça), je sais que ce déchainement de clichés et d'archétypes tous plus gros les uns que les autres est totalement voulu. LastMan, c'est un gros délire, leur raisonnement est qu'ils veulent dessiner "un truc cool". S'ils voient "un truc cool" dans un manga, ils vont l'adapter à leur univers, à leur sauce, avec leur trait. On pourrait dire que c'est naze, qu'il n'y a aucune originalité et que c'est faire honte à la France que de vouloir publier un "manga à la française" au mépris de tout ce que le manga peut avoir de génial, mais après tout, pourquoi pas? Pourquoi ne pas voir LastMan comme un gros bordel, un mélance gigantesque de tout ce qui caricature le manga, le shonen, et cette culture qui tourne autour? LastMan n'est pas une BD faite pour se prenre la tête; c'est un peu l'équivalent de ce genre de série que vous regardez pour vous détendre tout en sachant que c'est pas bien malin, mais en appréciant quand même la réalisation, même si vous devinez la fin trois plombes à l'avance.
J'hésite encore entre 6 et 7 pour ce tome. Je crois que j'aim mis 7 au premier, et comme celui-ci est moins bon, je me rabat sur le 6, malgré les bonus (énormes) de Balak qui me fait décidemment bien rire avec ses conneries.
Juste un autre petit point noir (enfin, pas vraiment noir...gris?) concernant le prix: 12€, je trouve ça un peu cher pour ce format. Un prix plus proche du manga (9 ou 10€?) aurait été appréciable, d'autant plus que tout cela est lisible gratuitement sur le net; on se sent un peu laisé en achetant réellement le tome.
Mais bon, c'est quand même une jolie initiative que de se lancer dans ce genre de travail, aussi caricatural soit-il...alors on soutient les artistes.