Murena est une série née il y a une vingtaine d’années. Je fais partie des nombreux lecteurs à être tombé sous le charme de ce voyage dans la Rome antique de Néron. La thématique de cette saga née de la collaboration du scénariste Jean Dufaux et du dessinateur Philippe Delaby est originale et superbement exploitée. Le travail de documentation, la richesse de la construction scénaristique et la finesse des illustrations ont fait de chaque tome un petit bijou qui se dévore avec appétit.
Le dernier opus paru est le dixième épisode. Il s’intitule Le banquet. Il marque une rupture dans l’histoire de la série. En effet, suite à la disparition de Philippe Delaby, Dufaux s’est associé à un nouvel auteur pour mettre en image sa narration : Theo. Ce dernier m’était jusqu’alors inconnu. J’étais donc intrigué par ma future rencontre avec lui. Allait-il arriver à s’inscrire dans la lignée de son illustre prédécesseur ? Allait-il satisfaire les fidèles de Murena en leur permettant de retrouver cet univers passionnant et familier ? Il ne restait plus qu’à s’inviter à ce Banquet pour en savoir davantage…
La première scène de l’album nous immerge au beau milieu d’un banquet qui tend rapidement vers l’orgie. Le travail graphique de Theo rassure immédiatement. Il a du talent et arrive merveilleuse à faire exister l’atmosphère si particulière de Murena. La dimension politique de ses lieux, le fait que des trahisons y naissent et que les manipulations y sont multiples sont remarquablement transcrites par la mise en scène des lieux et le rythme de la narration. J’ai vraiment le sentiment que, pour mon plus grand plaisir, rien n’avait changé : Murena était toujours Murena.
Jean Dufaux arrive encore à offrir des intrigues denses et passionnantes malgré l’accumulation des tomes. C’est une performance remarquable. Malgré les années qui passent, je ne me lasse toujours pas des intrigues romaines qui construisent la trame de Murena. Le héros ne semble jamais devoir trouver la paix. Ses conflits intérieurs semblent toujours attisés par l’ambition et les projets de Néron. Il est évident que le personnage de Lucius est attachant et génère une empathie certaine chez le lecteur. Mais son devenir n’est pas le seul attrait de la lecture tant la richesse des personnages et des enjeux est forte. Les leviers narratifs sont tellement nombreux qu’il est indispensable de s’être replongé au préalable dans les épisodes précédents pour en saisir toutes les subtilités.
Les auteurs arrivent faire vivre une fiction dans une univers complètement inscrit dans une réalité historique travaillée. Le glossaire qui conclut la lecture alimente l’intrigue de références historiques. Nombreux sont les personnages rencontrés qui ont réellement existés. Dufaux cherche à inscrire leurs actes avec cohérence. Je trouve cet effort remarquable. Le résultat final en est sublimé. L’immersion dans cette Rome est d’une intensité et d’un réalisme rare.
Pour conclure, Le banquet confirme que Murena est une série de grande qualité. Son atmosphère, son scénario, ses graphismes sont autant d’argument pour chavirer le cœur de tout adepte du neuvième art. Si jamais vous n’avez jamais eu l’idée, l’occasion ou le temps de découvrir cette grande saga antique, sachez que vous pouvez vous y plonger sans inquiétude : le dixième tome s’avère aussi brillant que les neuf précédents…
Cette critique et beaucoup d'autres se trouvent sur le blog Blog Brother.