Le Nateau-Usine est l'adaptation d'un roman du même nom de Takji Kobayashi. Ce roman publié en 1929 est rapidement devenue très important dans le mouvement littéraire japonais dit "littérature prolétarienne". Un mouvement allant à l'encontre de la quête capitaliste du Japon de l'époque en se penchant vers des idées marxistes. Son auteur est rapidement devenue un emblème lorsqu'il fut tué sous torture par la police japonaise.
Il est important de noter que Takji Kobayashi s'est énormément documenté avant d'écrire cette oeuvre et qu'il s'est basé sur des faits réels.
L'auteur de ce manga, Gô Fujio à la lourde tache d'adapter ici ce classique de la littérature (dispo en France ed Allia).
Le bateau-usine parle met en scène un de ces très nombreux bateaux de seconde main contenant des centaines d'ouvriers et envoyés dans les mers du kamchatka pour la pêche au crabes. Ces bateaux partaient pendant des mois et les conditions de travail y étaient inhumaine.
Cette histoire raconte comment les ouvriers d'un de ces bateaux se sont soulevés avec la volonté de changer leur conditions de travail.
N'ayant pas lu le roman, je trouve que ce manga montre très bien le processus amenant à se soulèvement. Des conditions insoutenables, une violence permanente, une injustice sociale.. de nombreux éléments sont montrés. La violence du capitalisme visant à toujours plus de rentabilité sur le dos des plus pauvres est montré avec intelligence et personnifié par le personnage de Asakawa. Asakawa est chargé de faire régner l'ordre sur le bateau, représente l'entreprise et cherche à toujours plus de bénéfice (quitte à envoyer les hommes pêcher en pleine tempête). Pour lui les pertes humaines sont moins importances que les pertes financières. Menaces et manipulations sont juste un moyen de gagner plus d'argent en augmentant le rendement des ouvriers au détriment de leur santé. La lecture est dure mais ne cherche pas le sensationnel. L'auteur reste concis et pertinent en se concentrant sur le changement qui s'opère peu à peu au sein des ouvriers face au despote capitaliste.
Le dessin est réussi, dense et précis il rappel la belle époque du Gekiga. La narration est très soignée permettant un condensé efficace du roman rendant l'histoire à la fois très prenante et concise.
Une lecture intelligente toujours d'actualité vu le capitalisme financier toujours prôné par les politiques comme les entreprises à l'heure actuelle.
Encore une belle trouvaille de l'éditeur Akata!