Jonathan voyage désormais en compagnie de Drolma, jeune orpheline tibétaine (parents disparus lors de l’invasion chinoise). Cet album les confronte avec le fondement de la religion bouddhique. En effet, un bébé doit devenir le prochain dalaï-lama, chef de cette religion. La tradition dit que celui-ci est infaillible pour la reconnaissance d’une cloche. C’est dans le monastère de Theksey Gompa (très belles planches 35 et 46) que cette révélation doit se faire. Une expédition doit apporter les objets sacrés. Cette Expédition a besoin d’un nouveau guide. C’est Jonathan qui va se joindre à 3 hommes, dont 2 occidentaux…
Cet album m’a déçu. Non seulement Jonathan voyage avec une jeune orpheline sans que personne ne lui pose de questions. Et le scénario conduit Jonathan tout droit là où il peut se montrer utile, la raison en demeurant obscure. De manière générale, Jonathan est le roi de la bonté d’âme. En bon Suisse, il ferait une recrue idéale pour la Croix-Rouge.
L’organisation des planches est moins réussie que dans les précédents albums. D’autre part, Cosey cède à une certaine mode à l’américaine, avec un prologue sur les deux premières planches. Ces planches sont esthétiquement réussies, mais n’apportent encore qu’un éclairage religieux. Cet album est finalement orchestré comme une aventure illustrative des croyances et rites bouddhiques. Même dans le dessin, Jonathan est parfois caricatural (planches 5-6-11-41 par exemple). Jusqu’à la planche 23, on a envie de réagir aux différents sourires en demandant c’est quoi cette histoire où tout le monde est gentil ? La suite démontrera heureusement le contraire. Par contre, la fin laisse perplexe l’élément totalement extérieur au bouddhisme que je suis. La philosophie en question est illustrée par la parole d’un moine « Ce qui vous rend malgré tout sympathiques, vous autres Occidentaux, c’est cette étonnante naïveté qui vous permet de croire que vous pouvez faire quelque chose ». Cette croyance sera illustrée à la lettre, Jonathan tentant d’éviter un drame, quitte à le provoquer par maladresse, la force spirituelle y faisant échec de manière très discutable (ou y croit ou on n’y croit pas).
Un album que Cosey conseille de lire en écoutant « Incantations » de Mike Oldfield. Ne l’ayant pas sous la main, j’en ai profité pour réécouter « There and back » de Jeff Beck.