100 Bullets commence vraiment ici!
Après un tome 3, un peu plus captivant tant par les histoires que par l’intrigue. Le souci étant jusqu’à maintenant la suite d’histoires où l’agent Graves propose sa fameuse mallette à des pauvres bougres au fond du gouffre. Toujours avec cette toile de fond concernant le Trust et les Minutemen. C’est là-dessus que je veux en apprendre davantage, que je veux qu’Azzarello centre son histoire. Et avec ce tome 4 « Le Blues du Prince Rouge », mes vœux sont exaucés.
À Atlantic City, les enchères montent et les paris s’envolent autour de la réunion annuelle du Trust, mais Cole Burns et l’Agent Graves ont bien l’intention de faire flamber les mises. De leur côté, Dizzie et M. Sheperd contactent Wylie Times, un pompiste qui vivote à la frontière Mexicaine. (contient 100 Bullets # 23-30)
La première partie de ce quatrième volume reprend les épisodes #23 à 25. Episodes, qui pour moi, m’ont complètement happé dans l’univers 100 Bullets ! Enfin ! Beaucoup, beaucoup de choses sur seulement trois chapitres. Tout d’abord on fait la connaissance, la plupart du temps visuellement, avec les treize familles composant le Trust et surtout nous découvrons Augustus Medici, chef du Trust. Homme intriguant qui malgré tout, reste bercé de mystère. Quel rapport avec l’électricité ? Est-ce une métaphore ou est-ce du concret ?
Mais plus que tout ce que l’on apprend sur le Trust, ce que l’on retient surtout ce sont deux personnages. Benito Medici, le fils d’Augustus, et Megan Dietrich, la nana qui avait réussi à retourner un homme à la mallette et à le tuer, la cible devenant la proie. Et là on se dit whaouh ! Azzarello a tout ramifié ! 100 Bullets c’est une énorme toile sur laquelle se démènent ses personnages.
Benito Medici, qui sous ses allures de fils à papa futile et superficiel, s’avère être un personnage sadiquement calculateur et très intelligent.
Megan Dietrich, est un personnage fascinant, tant la dangerosité qu’elle représente que par la sexualité qu’elle dégage ! Une vraie veuve noire au sang froid. C’est par elle que je me rends compte du talent d’Eduardo Risso. Même si ses coups de crayons me dérangent, que son style qui peut paraître brouillon, glauque, sombre, je réalise qu’il est aussi très réaliste. Au premier coup d’œil on sait, sans forcément le savoir, tout du personnage qu’il dessine. Prenons Megan comme exemple. Dès les premières cass où elle apparaît on voit à son visage sa dureté, le danger qu’elle peut représenter, et l’on voit à son corps, à sa tenue le, sex-appeal qu’elle représente. Tous les personnages sont différents, ils ont tous leur propre physique, leur propre défaut, bref, on se rend compte du souci du détail d’Eduardo Risso !
Cette saga est aussi l’occasion de voir le danger que représente Graves et de quelle façon il se moque du Trust et qu’il n’a aucune limite. Il se permet même d’avoir une taupe au sein des treize, et d’en tuer un…
Le chapitre 26 est une bonne idée. Sur toute la totalité du chapitre, Azzarello utilise monsieur Branch, l’homme que Dizzy a rencontré à Paris, pour nous résumer tout ce que l’on a appris sur le Trust, les Minutemen et sur l’agent Graves durant les 25 premiers chapitres. Histoire de montrer un peu plus la misérabilité de ses personnages, Azzarello fait parler Branch pendant une relation avec une prostituée curieuse ne comprenant pas l’anglais. Branch en profite alors pour déballer tout ce qu’il sait afin de réfléchir à haute voix et découvrir ce que Graves compte faire de Dizzy.
Suit le chapitre 27, absolument excellent. Graves donne une mallette à un homme au visage bandé dans un hôpital, et tombe en sortant de sa chambre sur un ancien joueur de baseball à la fin de sa vie à qui il avait donné une mallette dans le passé. Et très vite on se prend au jeu de la théorie du complot et du contexte historique pour découvrir que ce joueur de baseball est Joe DiMaggio, sa femme disparue une certaine Marylin, facile de découvrir qui est la victime…
J’ai beaucoup apprécié ce petit interlude servant à raccrocher l’histoire à un contexte historique.
On termine ce tome avec les épisodes 28 à 30 qui reprennent la saga Contrabandolero ! Alors autant le dire de suite, je n’ai pas compris le pourquoi d’un tel épisode. Il ne semble ne rien apporter et dénote trop du reste du tome, jusque là si bon. A la frontière entre les États Unis et le Mexique, du côté d'El Paso et de Juarez, on retrouve Mr. Shepperd accompagné de Dizzy Cordoba, alors qu’ils recherchent un certain Wylie Times, pompiste ringard et looser, enfin la fin nous laisse penser que ce jeune homme est beaucoup plus important qu’il n’y paraît. Sombre histoire de contrebande. Le seul avantage est de revoir au premier plan Dizzy, qui semble s’épanouir mentalement et physiquement à chaque fois qu’on l’a voit. Nul doute que tout ça sera repris à un moment donné par Azzarello.
Bref, ce tome 4 est le tome que j’attendais, le tome qui fait de 100 Bullets une série phare à mes yeux. Le Trust semble tellement énorme ! Tellement improbable ! Et pourtant tellement possible ! Les personnages sont tous si fascinants, des personnages comme Graves, Megan ou Dizzy. Et le fait de toujours devoir se méfier de ce qu’écrit Azzarello, rien n’est là par hasard, tout est savamment orchestré par l’auteur. De plus, seconde révélation avec Eduardo Risso qui s‘avère être en fait un dessinateur de talent, capable de nous dévoiler tout ce que l’on doit savoir d’un personnage au premier coup d’œil. Je suis devenue accroc !