Tous les Fables sont importants!
Les batailles opposant les forces de l’Adversaire aux Fables retranchés dans le monde des communs s’intensifient. Dorénavant, la suite des évènements repose sur le modeste concierge qui fut jadis le grand Prince des Fables. Frappé d’amnésie il y a des siècles, Ambrose se lance aujourd’hui dans une nouvelle épreuve, de celles qui le mèneront des terres macabres de l’ennemi au cœur même du Royaume de celui-ci.
Je me demandais ce que le Père Noël espérait en rendant ses souvenirs à Gobe-mouche, Ambrose. En quoi le fait que ce personnage se rappelle ce passé allait peser dans la balance dans le combat contre l’Adversaire. Et c’est beaucoup plus qu’un poids d’un côté ou de l’autre. Ambrose va offrir rien de moins qu’une troisième alternative aux Fables voir aux troupes de l’Adversaire…
Les préparatifs de Fableville sont vraiment mis en toile de fond, la quête d’Ambrose prenant toute la place et accaparant toutes les forces de l’Adversaire.
Cette saga nous montre que Bill Willingham ne fait rien au hasard, tous les petits détails comptent, chaque personnage est important. Il maitrise son récit avec une précision d’horloger !
Les premiers temps après le retour des souvenirs d’Ambrose sont très difficiles pour lui. Son passé étant passablement lourd, il lui faut en quelques sortes faire une seconde fois son terrible deuil. Il faudra alors toute la hargne (tout l’amour ?) du Chaperon Rouge pour le faire réagir. Il va donc prendre l’importante décision de se rendre, seul, au cours des terres de l’Adversaire pour y reconstruire son royaume !
Pour cela, il va se retrouver accompagné de Lancelot, de fidèle Jean et des autres Fables ayant été jeté dans le puits magique comme Barbe Bleue ou encore Shere Khan. Il se retrouve ainsi à la tête d’une armée désincarnée ne pouvant mourir une seconde fois, une version contes de fée de l’armée d’Aragorn dans le Retour du Roi. Rajoutons à cela l’épée Excalibur, se battant quasiment pour lui, l’armure de Lancelot le rendant invincible tant que ses ambitions seront pures, et des pouvoirs magiques qu’il doit au fait d’avoir survécu à sa chute dans le puits magique.
Ce que je prenais pour une mission suicide menée par un homme cherchant à mourir, s’avère en fait une idée de génie conduite par un homme se révélant être un grand homme, d’une grande intelligence. Oui. Je parle bien de Gobe-mouche !
Il se révèle être un homme courageux, honnête, intelligent et totalement dévoué à ses proches. Il réussit encore et encore à repousser les différentes troupes que lui envoie l’Adversaire, Geppetto étant toujours plus furieux de l’expansion de ce nouveau royaume et à quoi il ne peut rien y faire. Ambrose agrandit son royaume mais également son armée, et cela sans faire couler la moindre goutte de sang. Jusqu’à son énorme grand final !!
Les aventures d’Ambrose étant suivies par les Fables de Fableville à travers le Miroir Magique, comme un show télé !
En fond, nous suivons les préparations pour la guerre de Fableville. Le conseil de guerre, composé de Charmant, la Belle, la Bête et Frau Totenkinder, bientôt rejoints par le retour de Blanche et de Bigby, agissent de façon réfléchie, intelligente, et surtout en connaissant parfaitement les plans de Geppetto grâce aux Zéphyrs qui espionnent Hansel ! Il est loin le temps où Charmant apparaissait comme un abruti de première, dénoué de moral et de conviction. On découvre, tome après tome un homme fort et charismatique et avec un profond esprit de stratège. Et sa stratégie militaire est absolument grandiose, rachetant tous les plus grands camps d’entraînement au tir, au combat à main nue… pour préparer les Fables du monde entier qu’il a rappelé.
Mais on se demande si tout cela est nécessaire lorsque la Bête apprend que cette guerre n’est pas entre l’Adversaire et Fableville mais en réalité entre l’Adversaire et Frau Totenkinder !...
Dommage que cette énorme saga en neuf parties, soit coupé par l’épisode #64, totalement hors contexte, où Blanche et Bigby décident de révéler un énorme secret à leurs enfants au moment de l’anniversaire de leur cinq ans. Ce chapitre coupe violemment la saga du « Bon Prince » et surtout est graphiquement désastreux !
Bref, Bill Willigham et Mark Buckingham nous font encore voyager lors de ce formidable périple d’Ambrose et ses compagnons. Véritable réinterprétation de David contre Goliath, où parfois la force de conviction et la pureté du corps sont plus puissantes que le nombre et la force pure !
Mark Buckingham se rapproche de la perfection chapitre après chapitre, ses personnages devenant toujours plus beaux, toujours plus riches de détails.
Personnages qui deviennent également toujours plus riches en détails grâce à Bill Willingham, ne cessant de les approfondir, de les travailler, de les mettre en valeur. Tous les Fables sont importants, tous les Fables peuvent changer le cours des choses ! Regarder ce qu’à fait Gobe-mouche.