Un commencement est toujours un moment d'une délicatesse extrême.

Comment sensibiliser des jeunes à la lutte des classes ? Dans le CDI de mon lycée, les seuls livres que les élèves empruntent vraiment, ce sont les mangas.

Cet ouvrage utilise la parabole d'une fromagerie pour illustrer les contradictions du capitalisme. Il s'ouvre sur une introduction claire et concise d'Olivier Besancenot. On suit Robin, un jeune fromager dont le père ne croit que dans le travail personnel. Désireux de devenir riche, il accepte l'avance de capital de Daniel, un investisseur calculateur et froid, qui le pousse à monter sa propre fromagerie. Avec le développement de l'entreprise, on suit des choix que va devoir faire Robin pour devenir un vrai capitaliste. Pour accélérer la production, il spécialise les ouvriers, les limitant à des tâches répétitives, ce qui les rend facilement remplaçable. En difficulté, il se rend compte que certaines dépenses sont incompressibles : l'achat de matériel, son entretien. Reste la possibilité de jouer sur le coût de la main-d'oeuvre. En lui demandant de travailler plus. Et c'est ainsi que naît la plus-value. Il instaure un système de primes et de pénalités, change les formats de ses produits pour toucher plus de clients, fait virer un employé qui ose dire "Nous ne sommes pas vos esclaves".

L'ouvrage se termine sur une série de conseils de lecture : Hobsbawn, Bourdieu, Boltanski, etc...

On peut évidemment ronchonner en disant que ce sont des historiettes indignes du grand penseur allemand. On peut aussi essayer de se mettre dans la peau d'un élève de collège-lycée qui lirait ce modeste ouvrage, et se dire que cela lui insufflera peut-être quelque chose. Ce que je crois. Tout est bon à prendre.

Ha, et à quoi voit-on qu'on a affaire à de vrais communistes ? Il n'y a pas de nom d'auteur, mais celui d'un collectif. ^^

Au reste, d'un point de vue conceptuel, ce premier tome ne va pas bien loin et joue plutôt sur l'émotionnel. Le second prend un tour bien plus pédagogique.