Avec "La Main Droite de la Mort", je conseillerai ce recueil d'histoires courtes à toute personne souhaitant tâter du Mignola: Tout le savoir-faire du bonhomme y est présent, et on y compte certaines de ses histoires les plus réussies (La Baba-Yaga, Presque Colosse).
Mignola c'est d'abord un graphisme très stylisé, aux tracés tranchants, contrastés et très précis.
Rien est en trop au fil de ses planches, et un minimum de détails produit un maximum d'effets, que ce soit pour rythmer une action dantesque ou pour installer une atmosphère, un paysage.
À ce titre, Mignola n'a pas son pareil pour jouer d'ellipses diablement efficaces, et la syntaxe que propose l'enchaînement de ses cases - elles-mêmes très composées - est un exemple d'efficacité narrative, surtout lorsqu'il est mis au service de brefs récits - Exercice dans lequel l'auteur est à mon avis le plus impressionnant.
L'utilisation récurrente de cases muettes est un des artifices que Mignola emploi avec le plus d'à propos: Inutile ici d'en détailler les multiples incidences possibles sur le récit, elles apportent en tout cas au dispositif narratif des options de lecture plus subtiles et ironiques que ce que l'on pourrait attendre d'une banale histoire de super-héros.
Quoi d'autre?
Je ne me lasse pas des réparties laconiques du héros éponyme, qui trimbale sa carcasse de détective blasé au travers d'aventures empruntées aux folklores de divers régions du monde (Dylan Dog est passé par là).
On commence à comprendre dans ce volume que toutes ces péripéties sont liées à une histoire plus vaste, dont on appréciera les premiers développements à partir des "Germes de la Destruction".