Regardez la couverture de l'album. Le bonhomme en bas à droite, c'est l'auteur arrivant dans notre haut lieu du pouvoir français. Petit, l'oeil aux aguets, sachant se fondre dans les couloirs et les ors du lieu, il notera tout. Personne ne se méfie de quelqu'un qui ne brandit pas de micro ou de caméra. on parle devant lui sans trop de crainte, il se glisse facilement derrière un groupe. Mais, où d'autres se seraient servis de cette multitude d'informations glanées au fil des mois pour nous balancer un livre choc (et donc forcément chic), Mathieu Sapin, lui, croque, dessine de la façon la plus objective possible, sans appuyer le trait, juste quelques petites flèches précisant des noms de personne ou des petits faits pas facilement illustrables (les bruits, la hauteur d'un ton de voix,...) au coin des cases. C'est finement observé et laisse libre au lecteur de faire son interprétation. Je ne dis pas que son oeil est totalement objectif (impossible) mais on le sent sain et sans affect. Et l'on parcourt ces 130 pages avec gourmandise. Car, en plus de nous remémorer une actualité proche mais déjà si lointaine, il nous apprend quand même des choses (enfin à moi qui ne suis pas un spécialiste des coulisses du pouvoir ni un aficionado des émissions de Stéphane Bern ). Alors, en vrac, j'ai découvert la précision millimétrée de la mise des couverts d'un dîner officiel, quelques petits secrets des caves de l'Elysée et ces bouteilles de saké laissées par les Chirac, les dessous des décors de la table du conseil des ministres ou les prises de tête des décorateurs pour une simple annonce d'un quelconque ministre. Au fil des pages, il croque avec empathie tout ce personnel entièrement dévoué au bon déroulement de la vie à l'intérieur de ce " château". Mais en notant tout, et sans en avoir l'air, il dresse un portrait fabuleux de tout ce monde qui semble vivre dans un univers clos et replié sur lui-même alors que la vraie vie ne franchit jamais ces lourdes portes soigneusement gardées. Mathieu Sapin fait bel et bien un métier de journaliste, un peu comme un Guy Delisle dans " Chroniques de Jérusalem" , le talent et une moindre connivence en plus. D'ailleurs, pour rester sur le thème des journalistes, ils sont ici croqués sans ménagement et il raconte ce que la profession ne dit jamais.
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pilyen
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le 4 juin 2015

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