Re-sépia pour résumé rapide des chemins de chaque archonte en ouverture. Qui en Égypte au service de Rome, qui en quête dans le Jourdain, qui en Grèce. Entrée en matière autour de la rumeur de la présence de l’ivoire de la coupe en Palestine quelques vingt-cinq siècles plus tard avec le chevalier Renaud de Châtillon, libéré des prisons d’Alep, attaqué par brigands et goules.
Autour de la quête du Graal donc, L’Histoire Secrète prend forme en révélant ses décors de prédilections, petits détails historiques et grands récits légendaires mixés cocktail d’anecdotes, et ses principaux mécanismes, après l’opposition frontale du premier volume, c’est ici le début du jeu de cache-cache des ivoires magiques auquel se livrent les archontes. Les uns en quête du pouvoir d’asservir les hommes et le destin, les autres dans le but justement de les en empêcher. Entre une apparition furtive de l’Arche d’Alliance, une discrète évocation de la secte des haschischins et la joviale présence de Chrétien de Troyes, les archontes jouent des pions sur le monde. Reka dirige ses manœuvres depuis la commanderie des Templiers de Jerusalem contre les agissements des mercenaires de Dyo, tandis qu’Aker se déplace et donne de sa personne et de sa sagesse pour tenter de soumettre la coupe et son ivoire de leur portée.
Le scénario s’arque autour du chevalier Renaud principalement, le pion de cette partie, et illustre l’obstacle principal que les archontes ont à manipuler l’histoire, à savoir les hommes eux-mêmes, animés de volonté et de désirs propres. Entre discussions vaines et aventures plus ou moins dangereuses et plus ou moins teintées de fantastique, le scénario reste assez plat, dense certes mais sans l’épique et le suspense qu’une telle quête devrait développer.
Le dessin lui est honorable. Plus poussé que pour l’épisode précédent, plus riche de plus de détails et dont les plans d’ensemble paraissent plus appliqués, il demande plus d’attention et d’investissement du lecteur. Avec toujours un bel art du portrait expressif.
Le Château des Djinns déploie plus de souffle et de malice que Genèse, la série commence de prendre forme, mais c’est encore un peu lâche. L’idée de s’attaquer à la légende du Graal est assurément intéressante malheureusement le résultat manque d’ambition, ce qui, pour une série qui souhaite se développer à travers les siècles, risque de poser problème tôt ou tard.
Matthieu Marsan-Bacheré