Le ciel lui tombe sur la tête - Astérix, tome 33 par CaliKen
Parlons donc du "vrai" dernier album d'Astérix, si l'on exclut celui qui est sorti y a pas longtemps mais qui se résume à un hommage-anniversaire.
J'ai toujours aimé les Astérix. Humour, petites références, esprit franchouillard, Obélix bien marrant, etc. Après, c'est sûr, avec la disparition de Goscinny et son talent pour l'écriture, on a perdu une grande partie de l'intérêt. Mais certains albums sont restés cependant bien ficelés par Monsieur Uderzo.
Mais quand celui-ci est sorti, en 2005, j'ai eu très peur rien qu'en voyant la couverture.
Que dire, que penser, que faire ? Le titre semble, lui-même, être une explication à ce qui est arrivé à Monsieur Uderzo lors de l'écriture du scénario de cette BD : Le ciel lui tombe sur la tête.
Pour ceux qui n'auraient toujours pas lu ce dernier épisode des aventures de deux Gaulois, l'histoire est simple. Le village de nos amis est visité par des extraterrestres.
De la science-fiction dans un Astérix, première giga souffrance. Le scénario est, par la suite, incroyablement plat et sans intérêt, puisqu'il ne repose que sur une analogie grossière et bien trop explicite pour être intelligente : deux races arrivent pour s'emparer de la potion magique : les Tadsylwiens (anagramme de Walt Disney), représentés par Toune, une sorte de Mickey au rabais (giga souffrance 2) et par les clones (un super man...), et les Nagmas (Mangas ! giga souffrance 3) qui arrivent dans une fusée ressemblant à un Goldorak vu par Uderzo et menés par un mec en armure dégueulasse qui ressemble à une grossière parodie du méchant chinois / japonais comme on le représentait au début du 20ème siècle.
Giga souffrance 4 : il y a un truc qui m'agace, c'est les gens qui crient au racisme à tout bout de champs. Mais là, je dois bien l'avouer, résumer le manga à un asiatique moche et vindicatif ne parlant pas bien le français, c'est un peu too much...
Les méchants Nagams veulent donc la potion magique pour être plus fort... Un peu à l'image de ces salauds de japonais qui reproduisent les techniques existantes pour les refaire à leur sauce. Ou les chinois plutôt ? Peu importe, ils sont jaunes et bridés.
Les gentils Tadsylwiens sont les gentils américains qui font un peu trop la loi et veulent s'emparer de l'arme de destruction massive qu'est la potion magique, quitte à faire quelques dommages collatéraux.
Heureusement, les Français Gaulois sont les plus forts et, malgré leur côté rustre et le fait qu'ils restent en relation amicale avec les Américains Tadsylwiens, ils ont le mot de la fin. Leur technologie est pas aussi abouti que les autres, mais nous, hein, on est quand même les plus forts au final.
Un chauvinisme bien puissant, qui rend Astérix incroyablement arrogant et désagréable du début à la fin de cette BD (au contraire de Obélix qui garde, ô miracle, son caractère à côté de la plaque et qui sauve la BD du naufrage total).
A la fin, Mickey Toune et ses clones s'en vont et font oublier cette histoire aux Gaulois. Malheureusement pour le lecteur, l'effet ne marche pas sur lui...
Uderzo déclarera plus tard qu'il n'a rien contre les mangas, mais qu'il n'est pas fan. Par contre, il rend explicitement hommage à Walt Disney à la fin de la BD.
Un hommage et des références d'une lourdeur sans pareil. Qui auraient pu être un peu plus implicites, comme ces petits clins d'œil intelligents dont savait faire preuve Goscinny en son temps...
Les Nagams sont donc la représentation du marché des mangas, inintéressant et violent, repoussé d'une main ferme par la puissante Bande Dessinée Franco-Belge, à l'image d'Astérix qui repousse un éclair sur la couverture, le convertissant en une sorte de shoryuken dégueulasse.
Une souffrance sans pareil, qui ne sert ni les mangas, ni les comics, et encore moins la BD franco belge...
A une époque où ces trois marchés se côtoient, apportant au monde de la bulle trois visions différentes et complémentaires, alors que beaucoup s'efforcent de lier les cultures et de les faire cohabiter avec intelligence, on voit bien que Monsieur Uderzo a un, voire, deux chariots de retard...
Espérons que le prochain vrai album d'Astérix proposera une vraie histoire cette fois-ci, sans vouloir faire dans le débat ou le clin d'oeil trop voyant et mal venu.