Une chose doit être dite avant que je commence : je ne suis pas un expert de Papyrus. J'aime beaucoup la BD franco-belge et les publications Spirou, mais force est de constater que Papyrus n'entre pas dans les récits que j'ai le plus lu. C'est donc un regard de quasi-néophyte que je pose sur le Colosse sans Visage. Quasi, car je garde quand même une certaine connaissance du neuvième art.


Publié en 1980, ce tome continue les aventures fabuleuses de Papyrus, jeune paysan égyptien, élu des Dieux, qui doit protéger Théti-Chéri, la fille du pharaon. J'ai dit que je connaissais peu Papyrus, mais pas que j'en étais ignorant et ce tome, encore au début de la saga, nous présente tout le charme pourtant de cette série : l'histoire est basée sur une confrontation plus ou moins directe avec les choix des divinités, les héros sont moralement bons et justes, sans être pour autant naïf, les criminels peuvent demander une rédemption, l'amour et l'amitié s'incarnent par le sacrifice de soi. La notion de divinité, centrale chez Papyrus, prend ici tout son sens. Rarement les Dieux furent présentés avec autant de puissance, autant de sublime et un aspect aussi dangereux.
Graphiquement, ce numéro est une réussite de par cette ambiance divine et lugubre. On est esthétiquement très haut placée avec toutes ces phases mettant en scène les divinités. Mais même dans les passages plus communs, on appréciera un esthétisme réel et notamment des personnages basées non sur des caricatures mais sur une réelle sensualité, un charme animal qui se dégage de tous.
Papyrus est une belle série, qui propose et ose certains passages d'un charme fou car fondamentalement torturé.


L'histoire n'est pas en reste en proposant une double histoire. D'une part la rencontre avec le vieux roi aveugle, de l'autre la malédiction qui s'abat sur Papyrus. Si les deux histoires peuvent paraître isolées, je pense au contraire qu'il faut les voir comme un tout : l'aventure de Papyrus et l'aventure de Théti-Chérie. Les deux fusionnant dans ce grand récit. Alors certes, une fois le peuple sauvé, on le voit disparaître du récit, ce qui est bien dommage.
De même, sur plusieurs plans le récit est très mécanique et même si la narration est réellement dynamique et parvient à convaincre sans mal, il y a certains mécanismes qui, eux, sont très artificiels et sentent bon les années 70. On est donc amené à se demander si Papyrus : le Colosse sans Visage est une vieille BD ou pas. Dans le premier cas, elle est novatrice, dans le second elle ne parvient pas à se séparer d'éléments négatifs liés au passé de par leur artificialité.


Ce tome 3 propose quand même, et c'est le principal, une vraie bonne lecture, un vrai bon moment. Une belle réussite !

mavhoc
7
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le 26 nov. 2016

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