Le nouvel arrivant

Le Crabe aux pinces d'or

Il s'agit du tout premier album de Tintin à avoir été adapté à l'écran

(ma critique du film ici https://www.senscritique.com/film/le_crabe_aux_pinces_d_or/critique/291669949)

Dans ce dernier, Tintin se retrouve à nouveau impliqué dans une histoire de trafic d'opium. Malgré le côté répétitif par rapport au diptyque Les Cigares du Pharaon-Le Lotus bleu, Le Crabe aux pinces d'or se démarque de ces derniers en présentant un nouveau personnage qui devint le meilleur ami de Tintin par la suite: le célèbre Capitaine Archibald Haddock!

À cause de son alcoolisme, il n'est plus le maître à bord du navire Karaboudjan le Lieutenant Allan Thompson ayant prit le contrôle du navire pour organiser son trafic de drogue.

De plus, il est colérique, insulte les gens qui lui déplait (au point que beaucoup ses injures comme Anacoluthe ou Moule à gouffres sont devenues cultes)...

...et gaffeur.

Pourtant, malgré tous ses défauts, ce personnage a un bon fond et est un honnête homme, généreux, fidèle envers ceux qui lui sont chers: plus particulièrement Tintin à qui il s'attache rapidement au fil du récit le reporter étant plus présent pour devenir son ange de rédemption que pour être au premier plan dans une histoire où ce qui intéresse le lecteur est de voir le parcours d'Haddock pour passer de Capitaine déchu à homme digne (malgré le fait qu'il continue d'aimer la bouteille après Le Crabe aux pinces d'or [mais buvant plus raisonnablement] au point que là où dans ce dernier, son alcoolisme est traité de façon tragi-comique, il devint purement comique dans les aventures suivantes).

Grâce à l'arrivée de ce personnage, l'univers du reporter devient moins manichéen le Capitaine Haddock étant à la fois un gentil et un personnage humain à la fois drôle et attachant. Cela au point qu'il devint plus populaire que Tintin étant souvent considéré comme trop parfait (Le Lotus bleu et Tintin au Tibet étant ses seules aventures où il est réellement humain)

Parlons maintenant des méchants: si Allan n'est pas un antagoniste aussi mémorable que les précédents, il n'en est pas moins dangereux. Colérique, profitant des faiblesses des autres pour s'en servir à son avantage à l'aide de fausse bienveillance, intelligent, manipulateur...Allan est détestable. Dommage qu'Hergé ait cru bon de l'entourer d'hommes de main complètement stupides car cela atténue la menace qu'il représente dans le récit.

Mais ne nous attardons pas trop sur les défauts pour l'instant.

Pour revenir sur les personnages, les Dupondt sont toujours aussi drôles dans leurs maladresses et stupidité et Milou est toujours le chien intelligent et espiègle qu'on aime tant.

Penchons-nous maintenant sur l'aspect visuel de l'album. Le Crabe aux pinces d'or est l'une des aventures les mieux dessinées existantes. En effet, les cases sans dialogue et les pages uniques avec des plans généraux pour renforcer le danger de l'immensité du Sahara où Tintin et Haddock sont perdus après un crash sans ombre, sans eau, sans savoir où aller donnent à l'histoire un côté cinématographique absent des albums précédents (ça n'est probablement pas pour rien que Le Crabe aux pinces d'or a été le premier album de Tintin adapté à l'écran).

Avec tous ces compliments, vous devez sûrement penser que Le Crabe aux pinces d'or est parfait. Ce que beaucoup de gens pensent vu que c'est dans celui-là que le Capitaine Haddock apparait. Mais ça n'est pas le cas.

En dehors des hommes de main stupides d'Allan étant ainsi uniquement pour des facilités scénaristiques, l'album a d'autres défauts. Déjà, le fait que Tintin affronte à nouveau des trafiquants d'opium montre un certain manque d'imagination par rapport aux albums précédents (la seule différence étant que dans les albums précédents, le trafic de drogue se déroulait à terre alors que dans celui de Le Crabe aux pinces d'or se déroule en mer.) De plus, nous subissons une intrigue inutile de trafic de fausse monnaie ne menant nulle part et le personnage Bunji Kuraki ne sert absolument à rien dans le récit.

On peut également citer la ville de Bagghar et ses environs désertiques où les habitants se limitent à être des figurants muets et/ou violents susceptibles de la gâchette mettant nos héros en danger sans compter autre chose au sujet d'un des habitants que vous découvrirez par vous-mêmes si vous lisez l'album.

Cependant, malgré tout, Le Crabe aux pinces d'or est un album excellent étant un nouveau tournant dans les aventures de notre reporter préféré puisque ce dernier passa d'aventurier solitaire...

...à aventurier entouré d'amis fidèles qui arrivèrent petit à petit par la suite.

Mais ça, c'est une autre histoire.