Historien, romancier et scénariste de bande dessinée, Jean-Yves Le Naour revient ici sur le double mandat de Ronald Reagan. Élu à la présidence en novembre 1980 sur un slogan coup de poing (« Let’s make America great again »), ce fameux « crétin » entendait remettre en selle l’Amérique, dont l’impérialisme économique et l’influence diplomatique avaient été fortement contesté sous la présidence de Jimmy Carter. Reagan multiplia donc les provocations verbales et les blagues douteuses à l’encontre des ennemis politiques, idéologiques et commerciaux des États-Unis, plus particulièrement le bloc soviétique. Généreux en vérités alternatives (il avait suggéré que les arbres polluaient d’avantage que les usines), celui qui fut surnommé « The Teflon President » en raison du grand nombre de scandales n’ayant jamais réussi à lui coller à la peau se présentait néanmoins comme un sympathique communicant aux yeux du public. Pantouflard émérite et incompétent fini, fervent partisan de la sieste et amoureux des ballades à cheval, cet ancien acteur de western de série B savait donc ménager sa monture, déléguant la gestion des dossiers à ses proches conseillers et ses secrétaires d’état, expliquant sa longévité à cette fonction. Le Naour survol ainsi ces huit années de reaganisme sur le mode de la satire. Et s’il a forcé un peu le trait, « tout ce que dit Reagan est attesté, ce sont ses mots, ce sont ses phrases, ce sont ses blagues. ». La forme de vieux comics que lui donne le dessinateur Cédrick Le Bihan renforce la distance comique établit avec son sujet plus que jamais d’actualité.