Hub continue de développer l’intéressante atmosphère de Japon médiéval et fantastique avec un épisode moins en mouvement que le précédent : sur l’île où ils se sont échoués, les héros ont découvert un étrange château flottant. Là, ils sont accueillis par le daimyo et son épouse, descendants d’une puissante famille isolée de l’Empire du Pajan. Pour leur plaisir, Okko leur conte les guerres qui déchirent le pays, et voilà de quoi emplir un peu plus encore l’atmosphère de violence et de sang avant que l’intrigue ne reprenne : malgré le respect des convenances, l’accueil est froid, Okko et ses compagnons ne sont pas les bienvenus.
Le scénario se développe toujours dans l’urgence et ne laisse que peu de place, dans cet épisode, aux temps morts. Il y règne une atmosphère de suspicion, et le jeune Tikku n’a pas la patience d’attendre pour se mettre à la recherche de sa sœur au cœur d’une nuit de troubles et de mystères : un accouchement s’annonce, difficile et angoissant, monstrueux probablement. La descente du jeune garçon vers les caves sombres et interdites du château, racontée dans les images tandis qu’une voix-off récite le décor d’’une pièce de théâtre de marionnettes joue d’une tension forte et accentue intelligemment le suspense. Et le scénario retombe sur ses pieds : les quatre chasseurs sont à leur place, c’est bien de démons qu’il s’agit ici. Le couple de vampires parasites s’apprête à défendre chèrement sa toute jeune progéniture.
Pour le cycle inaugural des aventures d’Okko et de ses compagnons, le Cycle de l’Eau, Hub équilibre idéalement les éléments fluides de son scénario. Toute l’aventure se déroule au fil de l’eau, la seconde partie s’isolant sur une île humide, les esprits de l’eau invoqués par le moine au saké amènent un tsunami, et de la naissance dans le sang du monstre jusqu’aux larmes de deuil du vieux sage Tikku des années plus tard lorsqu’il se souvient de sa sœur sacrifiée par ces démons, on baigne dans le ruissellement inéluctable du temps.
Matthieu Marsan-Bacheré