Une adaptation virtuose du mythique "Dahlia noir" de James Ellroy
Depuis quelques années, la collection Rivages / Casterman / Noir propose des adaptations en bande dessinée de quelques-uns des plus grands romans noirs, en puisant essentiellement dans la littérature policière américaine. En 2008, le tandem constitué du dessinateur Miles Hyman et du scénariste Matz s’était fait remarquer une première fois au sein de cette collection, grâce à une adaptation très réussie du polar "Nuit de fureur" de Jim Thompson. Avec "Le Dahlia noir", les deux hommes franchissent un palier supplémentaire et signent un véritable chef d’oeuvre. Mieux même: ils réussissent en BD ce que le grand Brian de Palma n’avait pas réussi au cinéma en 2006. Car adapter "Le Dahlia noir", le mythique roman de James Ellroy, était loin d’être gagné d’avance, comme l’a prouvé l’échec relatif du film de Brian de Palma. Paradoxalement, la BD de Hyman et Matz parvient mieux que le film à saisir toutes les nuances du roman d’Ellroy et surtout à restituer l’ambiance glauque et violente du Los Angeles d’après-guerre, grâce à un découpage très cinématographique et au dessin magistral de Miles Hyman. Normal que cette adaptation fasse penser à du cinéma: le scénario est cosigné par David Fincher, le réalisateur de "Seven", "The social network" et "Millenium", qui réussit pleinement sa première apparition dans le monde de la BD. James Ellroy lui-même a été particulièrement enthousiasmé par le scénario de 170 pages pondu par Matz et Fincher. "Fantastic work", leur a-t-il écrit. "Le Dahlia noir", c’est l’histoire de Bucky Bleichert et Lee Blanchard, deux anciens boxeurs ayant rejoint la police de Los Angeles au sein du prestigieux service des Mandats. Alors qu’ils sont tous deux amoureux de la même femme, celle de Blanchard, leurs existences basculent lorsqu’ils sont chargés d’une enquête sur un crime particulièrement atroce: le meurtre de la jeune Elizabeth Short, dont on retrouve le corps mutilé dans un terrain vague. Surnommée le "Dahlia noir" par la presse, celle-ci va rapidement hanter les deux flics, au point que leur fascination morbide pour cette jeune fille qui, comme tant d’autres, était prête à tout pour briller sous les projecteurs d’Hollywood, va les amener à sombrer peu à peu, tandis que leur enquête fait apparaître tous les recoins les plus sombres de Los Angeles et surtout tous les vices de ses habitants. "Le Dahlia noir" était déjà un chef d’oeuvre de la littérature américaine, c’est désormais aussi un chef d’oeuvre de la bande dessinée.