Ce deuxième tome des Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec s’ouvre avec envie après la lecture du premier. L'artiste reprend les mêmes éléments graphiques dès la première planche, avec une splendide vue sur les grands boulevards parisiens. L’art de Tardi s’étale ensuite de page en page, et l'amateur apprécie le goût du contraste avec deux intérieurs insolites : une petite boutique d’antiquité, et le vaste intérieur bourgeois d’un peintre. Les couleurs y sont plus vives, des tapisseries ornent le décor, et



une multitude de détails font silencieusement écho à l’intrigue.



Le mystère concerne ici une statuette, et bientôt ses représentations, disséminées au fil des cases, s'accumulent. Etrangement. Laissant doute et suspense s'installer.


Côté scénario, Tardi fait piétiner son héroïne un moment, et l’intrigue se développe lentement sans qu’elle n’en soit consciente, jusqu’à ce qu’elle reçoive l’aide d’un gamin. L’auteur joue plus du courage spontané d’Adèle face aux circonstances que de son ingéniosité. Et manie un peu le suspense :


en filature, Adèle et le môme sont eux-mêmes poursuivis et bientôt victimes d’un attentat qui les laisse pour morts. Hautement improbable puisque le lecteur sait qu’Adèle est l’héroïne d’une longue série d’albums dont celui-ci n’est que le second volume, et que ce volume est loin d'être terminé.


D’ailleurs Adèle réapparaît bientôt, déguisée en clochard bien abîmé, et emmène le lecteur sur la piste d’inquiétants inconnus sous la Seine. L’ambiance devient mystique quand Adèle découvre les agissements d’une secte et de leur idole, une espèce de démon sanguinaire auquel il convient de sacrifier des victimes humaines. Adèle prise au piège sera secourue par l’inspecteur Caponi, toujours improbable mais soit. Et le final au second étage de la Tour Eiffel rassemble une fois encore l’ensemble des acteurs de l’histoire pour



un jeu de confusion qui mêle diverses surprises



dans une conclusion ingénieuse et plus engagée qu’il n’y paraît. Mais le scénario reste à la fois trop léger et par moment trop construit : l’ensemble manque de fluidité, de suspense quand il en est besoin, et de plénitude parfois. Bref l’ensemble manque de relief et le lecteur ne peut malheureusement s'identifier suffisamment ni ressentir l'enjeu nécessaire à son implication.


Encore une fois, c’est pour le dessin surtout qu’on lira ce deuxième volume. Tardi peut être un excellent scénariste : l’imbrication embarrassée des intrigues qu’il raconte en est une preuve. Mais avec Adèle Blanc-Sec, Tardi se contente de grandes lignes, et ce qui fonctionne merveilleusement avec son dessin n’a pas la même portée avec son récit. C’est dommage car



l'envie et la curiosité retombent.


Créée

le 7 janv. 2015

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