Au début c’est un peu le supplice de la planche tellement celles-ci sont noircies de textes, et tout ça dans des cases standard qui ne dépassent pas d’un poil. C’est très carré sur la forme et le dessin réaliste n’apporte guère de fantaisie malgré ses tons colorés. Mais une fois habitué au style un peu guindé de l’époque on découvre crescendo la qualité de l’oeuvre.
Charlier s’est renseigné sur l’univers marin avant de partir à l’abordage de sa BD et ça se voit. Le vocabulaire maritime entre autres est très présent quitte à faire un peu scolaire mais ce sont surtout les stratégies navales qui font le sel de l’aventure et paraissent vraisemblables même à l’amateur que je suis. L’une d’elles a d’ailleurs été reprise par Hollywood pour le film Master and commander avec Russell Crowe.
Le personnage éponyme de Barbe rouge fait aussi référence à des figures de pirates tant fictives que légendaires, de Barbe noire à Rackham le rouge.
Le scénario de la BD est vraiment de la bonne besogne comme on en fait plus, certes les personnages ne sont pas très approfondis mais ce sont des pirates après tout et niveau action le branle-bas de combat est quasi permanent.
C’est cohérent pour une BD, chose appréciable, et l’avantage de ce genre de dessin réaliste c’est la régularité qualitative. Ça fait un peu usine sans aller aussi loin que le manga dont les codes esthétiques sont conçus pour soutenir un rythme de production élevé. Le résultat était quand même d’un autre cachet chez Pilote, ce style maîtrisé à la perfection au service de l’histoire supplante à force tout le reste.