Un très grand Tardi !
Le Démon des glaces est un petit chef-d’œuvre du genre. Le charme désuet dans lequel baigne ce récit est parfaitement rendu. Tardi a su retrouver l'esprit et l'ambiance "début de siècle" (le XXe, bien sûr) qu'on associe volontiers aux récits de Jules Verne (à qui Le Démon des glaces est un véritable hommage - cf. Le Sphinx des glaces et le nom du bateau sur lequel s'engage Jérôme Plumier ainsi que la couverture de l'album). On pense aussi aux intrigues alambiquées et mystérieuses chères à Pierre Souvestre et Marcel Allain, créateurs de l'illustre Fantômas, ainsi qu'à l'adaptation cinématographique de cette même œuvre par Louis Feuillade en 1913-14 (ainsi que Les Vampires du même Feuillade en 1915-1916). Cet album évoque aussi les visions surannées du futur telles qu'on les avait à cette époque, notamment dans Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès en 1902 (d'après Jules Verne, encore lui). De plus, les machines utilisées (aéroplanes, sous-marins, scaphandres...) sortent tout droit de 20.000 Lieues sous les mers.
Après ce grand album, Tardi se lancera dans LES AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'ADELE BLANC-SEC qui, dans ses quatrième et septième tomes, y fera ouvertement référence citant textuellement l'album en aparté ou directement dans les dialogues.
Le noir et blanc, la mise en cases et la précision du dessin associés à l'humour et au cynisme du scénario et des dialogues font de ce parfait petit bijou un véritable moment de délectation bédéphile.
Seul défaut : sa non-fin.