J'avoue ne pas comprendre l'engouement d'une partie du public pour cette bande dessinée. Il faut dire que j'ai beaucoup de mal avec ces auteurs de BD qui se mettent en scène et racontent leur histoire à travers leur propre expérience. Je trouve cela généralement très égocentrique, un peu puéril et parsemé d'anecdotes insignifiantes.Tout cela se vérifie malheureusement avec "Le droit du sol" !
Etienne Davodeau nous raconte en 200 pages son pèlerinage entre la grotte de Pech Merle et un site d'enfouissement de déchets radioactifs près de Bure, dans la Meuse. Il n'y a aucune trame narrative ou histoire, cet épais volume ne faisant que retracer cette longue randonnée et les réflexions de l'auteur vis-à-vis de divers sujets plus ou moins reliés au respect de la nature, à l'utilisation de la terre, aux politiques énergétiques ou encore au réchauffement climatique. Ces sujets en tant que tels ne sont pas inintéressants, mais leur traitement décousu et déconnecté de toute narration, les vide de toute substance. Tout cela est plat, confus et, disons-le, d'un ennui mortel.
La thèse que tente défendre Davodeau est assez obscure et il se retrouve ainsi à convoquer virtuellement divers scientifiques et activistes pour blablater avec eux sur les divers sujets cités plus haut. Ce choix narratif est lourd, le traitement par le dessin sans intérêt et ce format de faux dialogue où l'auteur relance artificiellement ses interlocuteurs a quelque chose de crispant. Entre deux scènes de dialogues scientifiques ou militants, nous avons droit aux fameuses anecdotes que j'évoquais plus haut (j'ai croisé un ami en route, un orage a foudroyé un arbre, je me suis perdu...) ou à quelques poncifs sur la beauté des couchers soleil ou des paysages du Massif central. Je ne vois le cache pas : tout cela me donne envie de me pendre.
Quant aux dessins, je ne dirais pas qu'ils sont laids, mais là encore quel ennui ! On est obligé d'endurer 200 pages d'aquarelles grisâtres fadasses représentant majoritairement un vieux randonneur avec un bandana sur la tête et quelques paysages de forêt ou de refuges de montagne. Quant à parler de nature, d'arbres et de montagnes, pourquoi ne pas en jouer ? Pourquoi ne pas s'en donner à coeur joie à grand renfort de paysages pleine page et de palettes colorées ? Là encore, Davodeau s'égare (décidément).
En somme, cette BD me semble l'antithèse de ce que j'attends de ce médium : un ouvrage didactique et bavard, aux dessins ternes et au propos opaque.