J’ai tendance à apprécier la bande-dessinée documentaire. C’est souvent
l’occasion d’en apprendre sur le monde,
sur l’histoire, et de se régaler de décors lointains, dépaysants.
Grosse déception avec Le Fantôme Arménien.
L’aspect documentaire est intéressant mais peu construit. Les rencontres se suivent, dévoilent certains pans de l’histoire du génocide arménien et de la négation turque, mais rien qu’on ne sait déjà. Les intervenants sont sympathiques mais les auteurs ne tiennent pas de ligne directrice et les témoignages partent en tous sens, se répètent. Pas de questionnement, pas d’angle d’attaque, le témoignage sans implication d’un voyage au cœur de l’histoire reste plat.
Niveau dessin, quelle pauvreté !
Thomas Azuélos livre des esquisses brouillonnes, des portraits inachevés, gribouille des décors vagues, colore l’ensemble d’aplats sombres. C’est laid., pas un seul instant de plaisir graphique dans cet ouvrage, pas une case à sauver, pas une once de montage à retenir. Le dessinateur fait de l’illustration sans soin et l’un des attraits du genre disparaît.
Le dernier problème, pas le moindre, c’est
l’absence de soulèvement sensible.
Venir parler du génocide arménien en s’apitoyant sur des faits survenus il y a maintenant un siècle sans amener le lecteur à l’empathie laisse un goût amer. Pas une larme pour plus d’un million de victimes, c’est aussi triste et froid que l’ouvrage présent.
J’aime la bande-dessinée documentaire pour l’immersion, souvent, qu’elle offre. Une immersion choisie, de laquelle on s’extirpe à volonté quand la lecture devient difficile, les faits insupportables. Rien de cela ici, Le Fantôme Arménien est faiblard dans la nuit, c’est un fantôme de travail bâclé qui le dénature.
Matthieu Marsan-Bacheré