-BONEMINE: Il est malheureusement notoire que les enfants abandonnés sont retrouvés sur l'autel d'un temple ou sur la place d'un village. Aussi, quand un bébé est sciemment abandonné devant la hutte d'un guerrier célibataire, cela laisse supposer bien des choses! -ASTERIX: Des choses? Quelles choses? 'Abraracourcix, Assurancetourix et Panoramix fixent Astérix.' -ASTERIX atterré: EH! HO! CA VA PAS NON?!

En effet, quand Astérix voit un chérubin volontairement déposé devant sa hutte, il y a de quoi se poser des questions. Pourquoi notre guerrier gaulois se verrait-il confié la garde d'un bébé alors qu'il est un guerrier sans expérience avec les enfants?

C'est justement tout l'intérêt de Le fils d'Astérix.

S'il y avait déjà eu des 'aventures à domicile' dans l'univers d'Astérix, c'était, avant tout, pour semer la zizanie collective dans le village.

Hors, cette 'aventure à domicile' se démarque totalement des autres en faisant en sorte que les gaulois du village ne soient absolument pas concernés par l'histoire de l'album ce dernier n'impliquant qu'Astérix, Obélix et un bébé abandonné.

En dehors du fait qu'il est très drôle de voir deux guerriers endurcis déstabilisés par la présence d'un petit bébé, en apparence, inoffensif, il est amusant de voir les réactions différents de deux pères d'adoption choisis bien malgré eux par l'enfant; Obélix qui, de façon étonnante, se montre paternel et doux envers un bébé imprévisible agissant selon ses pulsions; et Astérix étant incapable de garder son sang-froid et voulant que le bébé disparaisse de sa vie le plus vite possible car ne possédant pas l'arme essentielle dont un enfant a besoin: l'apaisement.

Ce qui n'est pas étonnant quand on a lu les autres albums et vus les films d'animation de A à Z où Astérix est une tanche avec les enfants/adolescents.

De plus, une gourde de Potion Magique avalée par erreur et voilà le bébé devenu "presque" dangereux prenant tout ce qui lui prend sous la main pour un hochet: vaches, romains, gaulois...et frappant tout ce qui se trouve à portée de main (ou plutôt de poing) au point que plus personne ne veut approcher cette "monstruosité".

Ajoutons à ceci du suspense avec l'arrivée des Romains dans l'affaire ainsi que de la tension dans l'histoire et nous avons un album très divertissant: qui et pourquoi quelqu'un a-t-il spécifiquement confié le bébé à Astérix? Pourquoi des Romains veulent-ils s'emparer du bébé et que veulent-ils faire avec lui? Pourquoi sont-ils prêts à tout pour mettre la main sur le bébé au point d'avoir recours à plusieurs stratagèmes pour le faire?

Un Romain déguisé en vendeur de hochets gaulois, un autre déguisée en nourrice gauloise s'en prenant plein la tronche de façon hilarante.

Mais en dehors de l'histoire et de l'humour, il y a aussi un joli message sur la paternité, le fait que des hommes sont tout à fait capables de gérer des enfants même les plus turbulents.

Pour un album écrit en solo, Uderzo montre que, bien qu'il soit essentiellement un dessinateur, il peut être capable d'écrire des histoires quand il fait des efforts car Le fils d'Astérix a beaucoup de qualités louables.

Cependant, l'album est plus mou que les précédents. En effet, certaines longueurs retardent la progression de l'intrigue au point qu'on oublie qu'il y en a une, cette pauvre Bonemine s'en prend plein la tronche que ce soit de la part du bébé ou des autres personnages durant le récit, certaines péripéties sont répétitives.

Sans compter un gag récurrent répétitif sur des cigognes devenant lassant à force d'être encore et encore répété.

Et surtout, il y a cette fin aberrante: César qui fait reconstruire le village gaulois par reconnaissance envers ces derniers après un incendie provoqué par Brutus pour récupérer et tuer l'enfant s'étant révélé être Césarion, fils de César et Cléopâtre. Certes, César n'est pas un ingrat mais de un, ça le fait passer pour un con car c'était une occasion pour lui de laisser les villageois à leur sort incertain avec leur village en cendres et se retrouvant démunis pour ENFIN les soumettre aux Romains (on parle quand même du type qui a voulu raser le village des irréductibles pour les faire disparaître à jamais). De deux, les soi-disant irréductibles deviennent des complices des Romains censés être leurs ennemis bafouant ainsi leur principe-même de résister encore et toujours aux Romains. Et de trois, il aurait été très facile de se passer de la présence de César dans l'histoire et faire en sorte que ce soit seulement Cléopâtre qui vienne révéler la vérité et demande à ce qu'on répare le village des gaulois vu qu'elle est en bons termes avec Astérix, Obélix et Panoramix; ce qui aurait permis aux gaulois de rester fidèle à leur principe de base étant de rire au nez des Romains et aidant le bébé uniquement parce que c'est le fils de la Reine d'Egypte. Autant ne pas le nier, ces choix scénaristiques en plus d'être ridicules sont rageants pour ceux aimant l'univers d'Astérix.

De plus, quand on voit le banquet final habituel avec un Césarion sain et sauf , quand on est enfants, on se dit joyeusement "Ah, le bébé a retrouvé ses parents." mais quand on connaît la vérité historique, il y a de quoi être mal-à-l'aise vu que le vrai Césarion a connu un sort funeste alors qu'il n'était encore qu'un enfant. (sans compter le fait qu'à la fin, Uderzo dit que le nom de souverain du petit était Ptolémée XVI alors qu'il s'agissait en réalité de Ptolémée XV)

Bref, un album avec des qualités et des défauts faisant passer un bon moment de détente et donnant le sourire à chaque lecture.

BlackBoomerang
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le 27 juin 2023

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