Quand un bébé débarque et que les Gaulois pataugent dans la layette

Avec Le Fils d’Astérix (1983), Albert Uderzo livre une aventure qui démarre sur les chapeaux de roue… ou plutôt sur les couches-culottes. Cet opus tente d’ajouter un souffle de fraîcheur en introduisant un bébé mystérieux au cœur du célèbre village gaulois. Mais entre les biberons et les bagarres, le récit semble hésiter entre une comédie familiale et une épopée romaine, sans vraiment trouver son équilibre.


Tout commence lorsque nos amis Astérix et Obélix découvrent un nourrisson abandonné devant la maison du premier. S’en suit une enquête pour découvrir l’identité des parents, avec en toile de fond une menace romaine qui n’a d’autre ambition que de kidnapper le bambin. Le point de départ est amusant et prometteur, mais l’histoire s’enlise rapidement dans une série de péripéties répétitives où les gags tombent plus souvent à plat que sur le biberon.


Astérix est égal à lui-même : malin et courageux, mais ici il se retrouve un peu en retrait, presque dépassé par les événements. Obélix, en revanche, tire son épingle du jeu avec son affection maladroite pour le bébé, ce qui donne lieu à quelques moments attendrissants… mais pas assez pour sauver l’ensemble. Quant aux Romains, ils restent cantonnés à leur rôle habituel de punching-balls, sans apporter beaucoup de nouveauté à l’intrigue.


Visuellement, Uderzo reste fidèle à son style, avec des dessins impeccables et des décors soignés. Cependant, on ressent une certaine routine dans la mise en scène : les combats, bien qu’énergiques, manquent de la créativité et de la vivacité des albums précédents. Même les caricatures des personnages secondaires semblent manquer d’inspiration.


L’humour, traditionnellement la grande force de la série, est ici moins percutant. Les jeux de mots et les situations cocasses sont présents, mais le comique repose trop souvent sur des clichés liés à la parentalité ou à la maladresse d’Obélix. Si cela peut arracher quelques sourires, on est loin des éclats de rire provoqués par des albums comme Le Tour de Gaule ou Astérix et Cléopâtre.


Le principal problème de Le Fils d’Astérix, c’est son manque de rythme. L’histoire avance à petits pas, alourdie par des scènes qui s’étirent inutilement. L’intrigue aurait mérité plus de dynamisme, et peut-être une touche de folie supplémentaire pour exploiter pleinement le potentiel comique d’un bébé au milieu des Gaulois et des Romains.


En résumé, Le Fils d’Astérix est un album qui ne manque pas d’idées mais peine à les transformer en une aventure captivante. Uderzo tente d’explorer une nouvelle facette de ses héros, mais l’exécution reste en deçà des standards de la série. Une lecture sympathique pour les fans inconditionnels, mais qui laisse une impression de biberon à moitié vide pour ceux qui espéraient une potion magique de créativité.

CinephageAiguise
6

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le 16 déc. 2024

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