Pas parfait, mais intéressant.
Une B.D. en nuances de gris qui suit un gamin cruel qui tue un bourreau dont il pense qu'il a tué sa mère. Dans la deuxième partie, il est devenu adulte, se fait chef de guerre, tente de retrouver le bonheur auprès d'une femme dont il a un fils, puis revient par accident à la maison du bourreau qu'il a incendié, où il apprend de la bouche d'un manant que le bourreau avait épargné sa mère, qu'il a lui-même tuée involontairement. Cette B.D. bien noire se clôt sur le héros sur le point de se faire trancher la gorge par des gueux.
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C'est entre le conte cruel, le drame vu à travers les yeux d'un enfant et l'hommage au cinéma expressionniste (je pense au "Siegfried" de Lang), voire aux pulps genre "Prince Vaillant". C'est très stimulant visuellement, notamment ces images en pleine planche ordonnées comme une page des "Riches heures du duc de Berry".
Le problème, c'est que cela manque d'unité. Dans la même planche (p. 53), la femme du "héros" peut prendre une figure épurée au visage tracé de trois traits, puis une figure truculente mais pas très bien faite, un peu comme chez Pénélope Bagieu, puis un visage expressif et classe comme dans une bonne planche de B.D. italienne. Du coup, comme le style graphique change sans arrêt sans grande justification, on a un peu de mal à comprendre dans quelle direction l'auteur veut nous emmener : explorer la psychologie du héros ? S'intéresser au contraire à l'univers autour ? Sonder la profondeur d'un drame ?
Un peu de tout cela, mais au final on est allé un peu dans toutes les directions. C'est stimulant, mais ça donne davantage un ouvrage expérimental qu'un classique.