Cette histoire raconte un passage de la vie, un moment, un instantané. Il ne faut pas s’attendre à une histoire avec un début, une fin, à un scénario à l’épaisseur d’un mille-feuille et aux multiples rebondissements. Non, c'est juste l’histoire d’une belle rencontre. Un jeu de la séduction entre ados dont on ne saura pas grand chose, une drague sans parole ou presque.
L’ambiance dans cet univers anonyme et étrange de la piscine est particulièrement bien retranscrite. Ce lieu qui dépersonnalise les êtres pour en faire de simple corps qui nagent, où seuls finissent par s’imposer les regards qui se cherchent et s’évite au rythme monotone des longueurs qui s’enchainent.
J’ai eu cette impression à la lecture de retrouver les sens que j’éprouve dans ces endroits. Le bruit de l’eau et des cris qui résonnent comme dans un hangar immensément vide, le froid aux pieds dans le pédiluve, les courants d’airs dans les couloirs des vestiaires et bien sûr le goût du chlore dans le bassin.
Quelle maîtrise des mouvements de l’auteur et quel travail sur les profondeurs de l’eau sur les corps.
Sobriété, légèreté, silences, on n’oublie pas de sitôt les enchainements de pages muettes du Goût du chlore.