Des automates, des savants, une guerre et … les Bottes du Destin.
Si le lecteur a abordé la série Donjon par l’album Cœur de canard (DZ1), puis a continué sa progression dans cet univers tentaculaire en suivant les couloirs tortueux de Donjon Zénith, évité les dalles piégées de Donjon Crépuscule, fouillé les sombres recoins de Donjon Potron-Minet, désamorcé les pièges tendus par Donjon Monsters et dérobé quelques trésors gardés par Donjon Parade ; si ce périple aussi jouissif qu’aventureux s’est accompagné de nombreux mystères dont certains demeurent irrésolus, alors c’est avec cet album que sa persévérance sera récompensée ! Si l’album ne répond pas à tout, il répond quand même à nombre d’énigmes formées dans les albums antérieurs. Bref, c’est la foire aux réponses ! On découvre ainsi :
- les ancêtres d’Herbert de Vaucanson et l’origine de la malédiction qui le lie à l’Entité Noire et aux Objets du Destin ;
- la fondation du duché de Vaucanson et l’origine des automates et des monstres-goussets ;
- l’origine de deux Anciens Porteurs de l’Epée du Destin (dont le Mal Absolu, probablement le personnage le plus énigmatique de la série jusqu’alors !) ;
- des informations supplémentaires sur les Objets du Destin avec notamment le fonctionnement des Bottes du Destin ;
- la vraie nature du professeur Cormor.
Au-delà de toutes ces révélations, l’histoire contée dans cet album est intéressante ; on y découvre un nouvel univers de type médiéval (l’effet – 400 !) et il y a un bon mix entre l’épique et le comique. Cerise sur le gâteau, cet album fait partie du cycle de « la trilogie de l’automate » (en compagnie des albums Après la pluie (DPM-84) et Le grimoire de l’inventeur (DM12)) qui raconte les aventures d’un automate (ici le professeur Cormor) sur plusieurs époques.
Le choix de confier cette aventure à Stanislas, partisan pur et dur de la ligne claire, aurait pu décontenancer le lecteur, tant ce style graphique semble aux antipodes de la charte graphique Donjon. Mais qu’il se rassure, Stanislas n’est ni Jacques Martin ni Roger Leloup, encore moins Hergé ou Jacobs. Son dessin est ainsi beaucoup moins précis et abouti que celui de ses illustres confrères. Au contraire, son trait apparaît très rudimentaire, sans fioriture, et pourrait presque être qualifié de « ligne claire underground ». De fait, il s’inscrit pleinement dans l’ambiance graphique minimaliste propre à la série. Si ce dessin très dépouillé peut ne pas plaire (personnellement j’aime assez, même si j’ai mis du temps à m’y habituer), il a quand même le mérite de donner une autre vision de l’univers créé par Sfar et Trondheim et de fait il remplit pleinement une des missions tacites de la série Donjon Monsters qui est de faire en sorte que chaque dessinateur invité arrive à s’approprier l’univers Donjon en gardant son propre style, sans pasticher le trait de ses deux créateurs. Mission parfaitement remplie par Stanislas, donc.