J'aime bien ce genre d'histoires qui ne payent pas de minent tout en revisitant des figures archétypales qui ont forcément fondé notre culture, tout en offrant un regard sur le monde actuel, assez vrai, tout en restant assez tendre et naïf pour que ça ne tombe jamais dans la pseudo subversif et qu'on en ressorte avec le sourire jusqu'au oreilles.
Parce que le grand méchant renard c'est exactement ça, une BD vraiment simple en apparence sur un renard qui n'est pas assez effrayant et qui aimerait faire aussi peur que le Loup (on dirait une Fable de La Fontaine) et qui va réussir par un concours de circonstance à voler des œufs. On sait tous ce qui va se passer et franchement ce n'est pas ça qui est important, mais bel et bien la manière, la manière avec laquelle tous les dialogues, tous les moments de jeux sonnent incroyablement vrais.
Parce que je me suis revu à plusieurs reprise au milieu d'une classe de maternelles avec les gamins cons comme leur pied qui viennent commenter la couleur d'une feuille, un qui ne veut pas manger et lorsqu'on lui prend pour donner à un autre se met à pleurer alors qu'il ne veut quand même pas manger... De quoi devenir fou.
Alors vaut mieux lire la BD que de voir une classe de maternelle en vrai (c'est plus hygiénique), parce qu'on garde cette candeur et cette émerveillement/agacement liée à l'enfance que l'on n'a pas en vrai, où très vite le congélateur s'impose comme la seule solution viable pour notre propre survie.
J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à lire cette BD pour ça, ce côté naïf et pourtant pas éloigné de la vérité. C'est assez marrant ce que ça peut dire sur l'éducation, sur les rejets des enfants des autres qui peuvent se faire... ou tout simplement, de manière vraiment saugrenue sur les parents séparés...
D'ailleurs la simplicité du dessin va dans ce sens, ça aide à donner un côté naïf à cet univers un peu fou qui ressemble au notre. Et, je finirai par ça, il y a quelque chose que j'adore, au cinéma, dans la littérature, etc, c'est le jeu, c'est-à-dire que l'on voit des enfants jouer, c'est quelque chose qu'on n'ose pas représenter, parce que les adultes n'ont aucune idée de comment jouent des gamins et donc sont à côté de la plaque dès qu'il s'agit d'écrire un personnage de morveux.
Bref à défaut d'être totalement inattendu, ça reste un vrai plaisir à lire.